Dans un nouvel assaut contre l'industrie canadienne de la chasse aux phoques, la Humane Society International (HSI) a appelé au boycott européen des fruits de mer canadiens, vendredi.

Mais la ministre des Pêches et des Océans ne s'en inquiète pas outre mesure, et dénonce cette nouvelle campagne qu'elle qualifie d'«injuste».

En lançant son «ProtectSeals» boycott, la HSI souhaite convaincre le gouvernement du Canada et l'industrie canadienne de la pêche de mettre fin à l'abattage commercial des phoques.

«Étendre le boycott des fruits de mer canadiens à l'Europe était, logiquement, la prochaine étape à franchir dans le cadre de notre campagne visant à mettre fin à l'abattage commercial des phoques», a expliqué le directeur de HSI/Royaume-Uni, Mark Glover, dans un communiqué.

Mais à en croire la ministre des Pêches et des Océans, Gail Shea, le gouvernement fédéral n'est pas prêt de laisser tomber ses pêcheurs.

«Le destin des pêcheurs canadiens ne sera pas dicté par un groupe d'intérêts qui ne comprend pas cette industrie. Parce que nous allons continuer de défendre les chasseurs de phoques canadiens», a-t-elle certifié, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, vendredi après-midi.

En juillet dernier, l'Union européenne (EU) a banni le commerce des produits issus de la chasse commerciale du phoque sur son territoire. La ministre s'est toutefois montrée optimiste à l'effet que l'Europe ne cède pas à ce nouvel appel de l'organisme qui prône la protection des animaux.

«Je suis confiante que ce boycott sera un échec, parce que les Européens savent que les fruits de mer canadiens sont de la plus grande qualité. C'est simplement une nouvelle tentative d'un groupe d'intérêts d'amasser de l'argent pour leur organisation», a-t-elle dénoncé.

La Humane Society of the United States, le partenaire américain de HSI, a lancé en 2005 le boycott des fruits de mer canadiens au sud de la frontière. Cette initiative a cependant eu peu d'effets sur les exportations canadiennes, selon la ministre Shea.

Et tandis que les États-Unis reçoivent 80 pour cent des exportations de fruits de mer canadiens, la part de marché des fruits de mer qui quittent le pays à destination de l'Europe est beaucoup moins importante et correspond à une enveloppe d'environ 230 millions de dollars, a-t-elle expliqué.

La HSI prétend que la chasse annuelle ne représente, en moyenne, qu'un faible pourcentage du revenu annuel des pêcheurs commerciaux de la côte est du Canada. Une affirmation que réfute également la ministre.

«Je m'inquiète toujours, en tant que ministre des Pêches et des Océans, qu'un groupe propage de la désinformation, et qu'en résultat cela pourrait affecter les vies de milliers de familles canadiennes», a-t-elle répliqué, ajoutant du même souffle que la stabilité économique des pêcheurs de la côte est et des communautés inuites dépend de cette industrie.

Le gouvernement du Canada a demandé, en juillet dernier, à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de se pencher sur le dossier de l'interdiction par l'UE du commerce des produits dérivés du phoque. L'OMC étudie toujours le litige.

«Nous allons de l'avant à toute allure», a pour sa part garanti la ministre.

Le Canada, qui est le plus important chasseur de phoques à travers la planète, a exporté pour l'équivalent de 5,5 millions de dollars de produits dérivés du phoque vers les membres de l'UE l'an dernier.

La décision de l'UE a affecté plus de 6000 chasseurs de phoques des communautés côtières bordant l'Atlantique, de même que des populations autochtones du Nord du pays.