Le Moulin à paroles cache ses commanditaires. Ses organisateurs ne veulent pas dévoiler le nom des entreprises qui les financent, alors que le gouvernement Charest vient de leur refuser une subvention de 20 000$.

La codirectrice artistique de l'événement controversé, Brigitte Haentjens, n'a pas donné suite aux demandes d'entrevue de La Presse à ce sujet, dimanche. Elle a affirmé par la bouche d'une porte-parole que son organisme ne veut pas parler de ses finances.

Selon nos informations, le Fonds de solidarité de la FTQ donnera un coup de pouce financier à l'événement. Le président de la centrale syndicale, Michel Arseneault, doit d'ailleurs participer à la manifestation artistique. Il lira un texte de René Lévesque sur le syndicalisme.

Un porte-parole a confirmé que le soutien financier irait de l'avant comme prévu, malgré la controverse des derniers jours. «Pour nous, la vie continue, a-t-il indiqué. À la FTQ, on a toujours compris que c'est un événement apolitique.»

Des députés du Parti québécois utiliseront leurs fonds discrétionnaires pour subventionner le spectacle, a indiqué le porte-parole du parti, Éric Gamache. Mais les montants se chiffrent en centaines de dollars, et non en milliers, précise-t-il. 

Le gouvernement Charest a annoncé vendredi qu'il refusait de verser une subvention de 20 000$ aux organisateurs de cette manifestation artistique prévue la fin de semaine prochaine à Québec pour souligner le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham.  

Le ministre responsable de la Capitale nationale, Sam Hamad, a accusé l'organisation de faire l'apologie de la haine et du terrorisme parce qu'un extrait du manifeste du Front de la libération du Québec (FLQ) doit être lu pendant le spectacle. Le premier ministre Jean Charest en a rajouté, affirmant que la lecture du texte constitue un «dérapage».

Les organisateurs du Moulin à paroles ont accusé Québec de vouloir les censurer, samedi, et ils ont réclamé des excuses publiques du ministre Hamad.  

Plusieurs personnalités souverainistes, dont Bernard Landry et Gérald Larose se sont portés à leur défense. En entrevue à TVA, M. Larose a accusé le gouvernement Charest de faire de la «petite politique minable». 

Deux des initiateurs du projet, Biz et Sébastien Ricard, sont des membres de Loco Locass, une formation connue pour sa chanson Libérez-nous des libéraux

Toujours pas de permis 

La Commission des champs de bataille nationaux (CCBN) n'a toujours pas donné son feu vert à la tenue du spectacle, qui doit pourtant avoir lieu dans moins d'une semaine. Mais la porte-parole de l'organisme, Johanne Laurin, a indiqué à La Presse que l'entente devrait être signée cette semaine. 

Le projet du Moulin à paroles est né dans la foulée d'une controverse qui a forcé l'annulation d'une reconstitution historique pour commémorer le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d'Abraham. La CCBN avait dû annuler la bataille simulée et une série d'activités pour souligner la Conquête, après que des groupes souverainistes radicaux eurent menacé d'y faire de la casse. 

La fin de semaine prochaine, une centaine de personnalités - historiens, artistes, politiciens - prendront la scène sur les Plaines d'Abraham pour lire des textes qui ont marqué le Québec. Mais plusieurs se sont désistés au cours des derniers jours, notamment le maire de Québec Régis Labeaume et la ministre fédérale Josée Verner.