Le Canada ne veut plus être reconnu comme une «plaque tournante» du trafic d'ecstasy à travers le monde. Mardi, le gouvernement fédéral a annoncé la création d'une «Initiative sur les drogues synthétiques». L'initiative, pilotée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), vise à enrayer la production de ces substances au pays.

«Les drogues synthétiques, comme l'ecstasy et les métamphétamines, sont de plus en plus présentes au Canada. Et les jeunes y sont plus vulnérables. Nous voulons nous y attaquer», a déclaré le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan.

La GRC aura désormais le mandat de dénicher les laboratoires de fabrication de drogues synthétiques d'un océan à l'autre. L'an dernier, 45 laboratoires ont été démantelés au Canada, dont 17 d'ecstasy et 16 de métamphétamines. «Nous sommes reconnus pour avoir peu de laboratoires, mais de plus gros. L'an prochain, nous comptons en saisir encore plus», dit le sous-commissaire de la GRC, Raf Souccar.

La majeure partie des drogues synthétiques qui sont fabriquées au pays sont exportées ailleurs, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie. Comme le rapportait La Presse lundi dernier, huit fois plus de doses d'ecstasy ont été confisquées aux douanes canadiennes l'an dernier par rapport à 2007. Le Canada est maintenant reconnu dans le monde comme étant une «plaque tournante» du trafic d'ecstasy.

M. Souccar reconnaît que la communauté internationale «n'est pas contente» de cette situation. «Mais le problème est difficile à régler car le crime organisé s'adapte très vite. Nous montrons aujourd'hui qu'on fait tout en notre pouvoir pour corriger le tir», dit-il.

La présence de plus en plus marquée de laboratoires de fabrication de drogues synthétiques au pays inquiète M. Souccar. «La fabrication d'un kilo d'ecstasy produit de 13 à 17 kilos de produits toxiques, rapporte-t-il. Ces produits se retrouvent dans le réseau d'égout, dans nos poubelles... Et aussi, les laboratoires sont très à risques de prendre en feu ou de subir une explosion.»

En plus de chasser les producteurs de drogues synthétiques, la GRC devra faire de la prévention. «Je pense à une province comme l'Île-du-Prince-Édouard, où aucun laboratoire n'a encore été saisi. Nous y ferons de la prévention pour ne pas qu'il y en ait», dit M. Souccar.

Aucun nouveau budget ne sera accordé à la GRC pour mettre en place sa lutte contre les drogues synthétiques. «Nous avons réorganisé certains programme de notre Stratégie nationale antidrogue ce qui nous a permis de libérer des ressources», affirme M. Loan. Mais selon lui, cette réorganisation n'empêchera pas la GRC de sévir aussi contre les trafiquants de d'autres drogues.