Le Canada devrait établir une stratégie en Afghanistan après le retrait des troupes en 2011, ont indiqué des experts.

Le secrétaire-général de l'OTAN a déclaré la semaine dernière qu'il «regretterait fortement» le retrait des Forces canadiennes des zones de combats de la région de Kandahar. Cette déclaration semble souligner le fait que le Parti conservateur n'avait pas établi une véritable stratégie à la suite du retrait des soldats.

Lorsque les ministres conservateurs fédéraux se risquent à émettre des commentaires dans ce champ de mines politique, c'est souvent pour déclarer des généralités sans intérêt du genre que le Canada continuera sa mission de reconstruction de Kandahar ainsi que son travail d'aide humanitaire.

Le Canada dispose bien sûr de certains projets particuliers dont le gouvernement se servira évidemment comme accomplissements après 2011, mais un consensus est en train de se former au sein des experts voulant que les conservateurs ne veuillent rien savoir au sujet de l'Afghanistan après cette date.

C'est une stratégie incertaine, particulièrement depuis que la population est confrontée à la hausse constante des pertes humaines sur le terrain, comme ce fut le cas en juillet, le mois le plus sanglant pour les troupes de la coalition depuis le renversement du régime taliban en 2001.

«Vous ne voulez pas aller à la guerre simplement pour vous battre, mais pour des raisons politiques», a déclaré Barry Cooper, du département de science politique de l'Université de Calgary.

«L'objectif des troupes sur le terrain en Afghanistan doit être reformulé, car les gens ont tendance à oublier.»

Le message doit aussi être diffusé à l'intérieur du pays, peu importe si Ottawa décide ou non de conserver sa date butoir pour le retrait des soldats.

Selon M. Cooper, la situation était plus facilement justifiable au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre, mais elle l'est beaucoup moins aujourd'hui.

Si le Canada décide de plier devant les pressions internationales afin de demeurer en sol afghan, cela découlera de la situation sur le terrain. Cette dernière devrait se préciser à la suite des élections présidentielles, qui auront lieu à la fin du mois.

Le camp de reconstruction provincial situé à Kandahar, qui est le porte-étendard des efforts de développement du Canada en Afghanistan, est supposé être opérationnel jusqu'en 2015. Or, on ignore toujours comment ce camp restera ouvert et qui s'occupera de la sécurité.

A travers toutes ces questions, il demeure néanmoins celles essentielles relatives aux conséquences de cette décision du Canada sur ses relations avec les Etats-Unis et la Grande-Bertagne, deux partenaires qui ont participé activement aux combats et qui ont aussi essuyé leur part de pertes humaines dans le sud de l'Afghanistan.

Puis, il y a aussi la question de l'opinion publique.

Les familles des centaines de soldats qui sont décédés ou ont été sévèrement blessés lors des combats voudront comprendre pourquoi leurs maris, leurs femmes, leurs pères, leurs mères, leurs fils et leurs filles ont fait tant de sacrifices.

Plusieurs d'entre eux confient secrètement que le Canada ne devrait pas quitter l'Afghanistan avant la fin de la guerre, mais ils sont une minorité car la majeure partie de la population canadienne interrogée dans les sondages croit que la mission doit prendre fin selon les échéances fixées par le gouvernement.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper aimerait bien ne plus avoir à composer avec la question afghane, particulièrement dans le contexte actuel où il peut être renversé à tout moment.