Après deux ans de démêlés judiciaires et à l'issue d'un procès qui a tenu en haleine la capitale fédérale, le maire d'Ottawa, Larry O'Brien, a finalement été reconnu non coupable, hier, des accusations qui pesaient contre lui.

Le maire était accusé de trafic d'influence et de fraude envers le gouvernement, pour des faits remontant à l'été 2006, en lien avec les élections municipales qui se sont tenues à l'automne. Un ancien adversaire politique, Terry Kilrea, soutenait que M. O'Brien lui avait promis, en juillet 2006, une nomination à la Commission nationale des libérations conditionnelles s'il retirait sa candidature à la mairie.

Hier, le juge Douglas Cunningham, de la Cour supérieure de l'Ontario, a expliqué, dans une décision étoffée et sans équivoque, qu'il lui était impossible de conclure hors de tout doute que M. O'Brien avait commis un acte criminel.

«Ce n'est pas un crime de vouloir qu'un adversaire se retire d'une course politique. Ce n'est pas non plus un crime d'encourager un adversaire à chercher à être nommé dans un autre poste. Si c'en était un, nous aurions besoin de beaucoup plus de prisons», a déclaré le magistrat. Le juge Cunningham a aussi, à l'instar des avocats de la défense, remis en question la crédibilité du principal témoin à charge, Terry Kilrea.

L'avocat de M. O'Brien, Me Michael Edelson, estime que le contre-interrogatoire de Kilrea a constitué le tournant du procès. Me Edelson avait soulevé de nombreuses contradictions dans les déclarations du témoin-clé.

Le maire d'Ottawa, qui avait pris un congé sans solde pour la durée du procès, a accueilli le verdict avec un grand sourire. S'il avait été reconnu coupable, il aurait automatiquement été démis de ses fonctions. Il s'exposait en outre à une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison.

«Ça a été deux années très difficiles pour ma famille, mes enfants, mes amis. Je regrette qu'on ait eu à traverser ça mais, honnêtement, c'était important pour moi de livrer cette bataille et de faire ressortir la vérité, a déclaré M. O'Brien à la sortie du palais de justice. J'espère maintenant qu'on pourra mettre derrière nous cette triste épreuve et aller de l'avant. Il y a 141 000 personnes dans la ville d'Ottawa qui ont voté pour que je travaille pour eux, et c'est ce que je prévois faire.»

Le maire suppléant, Doug Thompson, s'est aussi dit très content que tout soit terminé et a indiqué être prêt à rendre son siège à M. O'Brien dès ce matin. Même un des opposants politiques du maire O'Brien, le conseiller Clive Doucet, s'est dit «heureux pour le maire et la ville» que cette «diversion» soit terminée.

Très médiatisé dans la région, le procès avait pris fin au début du mois de juillet après 19 jours d'audience en comptant la requête de la défense pour un retrait des accusations, rejetée par le juge. Le maire O'Brien avait été formellement accusé le 10 décembre 2007, à la suite d'une enquête entreprise après que des allégations eurent été publiées dans la presse régionale.