Le gouvernement canadien n'avait pas été mis au courant qu'une fusée russe traverserait, en décembre, son espace aérien avant que ses débris s'écrasent sur le territoire du pays, révèlent de nouveaux documents obtenus par La Presse Canadienne grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Plutôt, les représentants de l'armée et du gouvernement ont été prévenus que la fusée pourrait revenir sur la Terre à trois différents endroits éloignés des frontières canadiennes, avant d'apprendre qu'elle était finalement redescendue à la hauteur du Labrador.

L'incident souligne la vulnérabilité de l'espace aérien canadien, et ce, même après que les Forces aériennes eurent lancé des jets pour contrer l'intrusion de bombardiers russes dans l'Arctique.

La fusée russe de type Proton-K, qui transportait trois nouveaux satellites de navigation fabriqués par l'agence spatiale russe, a été lancée le 25 décembre du Kazakhstan.

Les experts militaires du Commandement de la défense aérospatiale nord-américain (NORAD) qui étaient en charge de suivre la trajectoire de l'objet, ont averti les représentants du gouvernement canadien et d'autres pays le jour de Noël que la fusée devrait rentrer dans l'atmosphère en Antarctique, au sud de l'Australie. Puis, le lendemain, les prédictions ont été revues à deux reprises.

Finalement, elle est arrivée dans l'atmosphère terrestre à 120 kilomètres au nord de Blanc Sablon, tout près du Labrador, alors que l'on prévoyait que ses débris tombent à une centaine de kilomètres au sud-est de la base des Forces aériennes canadiennes de Goose Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador.

La fusée a alors disparue du radar. Tous ses débris qui n'ont pas été brûlés dans l'atmosphère sont tombés, a-t-on estimé, dans la mer du Labrador.

Le centre d'opération du Norad, situé à Cheyenne Mountain, au Colorado, a averti les autorités canadiennes quelques minutes après l'écrasement, ce qui n'a pas donné le temps au gouvernement de réagir et d'avertir les bateaux de pêche, les cargos ou les endroits peuplés.

«Au moment où cela est arrivé, l'on de disposait pas d'assez de temps pour demander à la GCC (Garde côtière canadienne) d'avertir les bateaux», peut-on lire dans un  courriel d'un représentant de la Sécurité publique du Canada.

La réapparition de la fusée Proton-K rappelle un incident survenu en 2005, lorsqu'une fusée américaine a amerri à proximité de la plate-forme de forage pétrolier d'Hibernia, située sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, peu après son lancement en Floride.

Le lancement de la fusée de type Titan IV B-30 avait incité le premier ministre de la province, Danny Williams, d'ordonner l'évacuation de plusieurs plate-formes en mer.

Mais l'ordre a été annulé après que les autorités américaines eurent assuré Ottawa que les risques étaient minimes et que la fusée serait détruite si sa trajectoire était déviée.