Les autorités canadiennes enquêteront sur le rôle de leurs services spéciaux dans la détention et d'éventuelles tortures subies au Soudan par un Canadien d'origine soudanaise soupçonné de terrorisme mais clamant son innocence, a annoncé jeudi son avocat.

Abousfian Abdelrazik a finalement regagné le Canada fin juillet, après avoir été bloqué pendant six ans au Soudan, où il avait fait deux longs séjours en prison, sans qu'aucune charge ne soit officiellement retenue contre lui.

Le CSARS (Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité) se penchera sur les activités des agents canadiens qui s'étaient rendus au Soudan et ont participé à des interrogatoires de M. Abdelrazik, a déclaré Me Paul Champ interrogé par la chaîne CBC.

M. Abdelrazik affirme avoir été ensuite torturé, lors d'autres interrogatoires menés par des agents soudanais, et interrogé sur ses activités au Canada, ce qui conduit son avocat a accuser les services canadiens d'avoir échangé des informations et collaboré avec le Soudan, un Etat «connu pour pratiquer la torture».

Toujours selon l'avocat, le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) a tenté de se borner à une enquête interne, sans la participation de M. Abdelrazik, mais le CSARS a opté pour une investigation plus vaste, qui ne sera pas rendue publique pour autant.

M. Abdelrazik avait été arrêté et détenu en 2003 au Soudan, où il était allé voir sa mère, dans le climat de chasse aux terroristes après les attentats du 11 septembre. Libéré par la suite, il a été bloqué dans ce pays parce que son nom figure sur la liste noire de l'ONU des personnes soupçonnées de terrorisme.

Il avait demandé un nouveau passeport afin de rentrer au Canada, mais les autorités canadiennes ont longtemps refusé de le lui fournir. Ottawa a dû finalement changer d'avis après que la Cour fédérale canadienne le lui eut ordonné, estimant que les droits de M. Abdelrazik avaient été bafoués.

Aucune réaction des services spéciaux canadiens n'a pu être obtenue dans l'immédiat par l'AFP.