Trouver un motel sur les plages du Maine à la dernière minute, à la fin du mois de juillet? C'était impossible, ou très difficile, ces dernières années. Mais cet été, les vacanciers ont l'embarras du choix.

L'industrie touristique américaine est en mauvaise posture cette année. Du petit motel de Nouvelle-Angleterre jusqu'aux grands palaces flottants de Floride en passant par Las Vegas au grand complet, des chambres vides attendent des clients qui ne viennent pas. Les Américains ayant choisi de rester à la maison cet été, l'industrie touristique fait les yeux doux aux Canadiens, moins touchés par la crise économique.

 

«Nous, ça va bien, on a une bonne clientèle qui revient d'année en année», dit Danielle Bourassa, du motel Kebek 3, à Old Orchard Beach. «On parle français, c'est un grand avantage pour les Québécois. Mais dans les autres hôtels, ça paraît que c'est vide. Peu d'établissements affichent complet.»

Le téléphone sonne moins au bureau, ajoute-t-elle. Mme Bourassa estime que, auparavant, sa clientèle était à 80% québécoise. Comme les Américains ne voyagent plus, la proportion de clients québécois a grimpé à plus de 90% dans son établissement. De plus, la saison a bien mal commencé sur la côte Est, avec 28 jours de pluie en juin, dit Mme Bourassa. «Le motel n'était pas plein pour le Memorial Day (dernier lundi de mai), ce qui est assez rare. Mais il l'était à la fête de la Reine, même si ça a pris plus de temps.»

Des chambres, en pleines vacances de la construction, il en reste aussi quelques-unes au Wells-Ogunquit Resort. «C'est la première fois depuis plusieurs années», dit sa propriétaire, Sarah Proach. Le mauvais temps de juin, la crise économique, «et peut-être aussi les tracas liés aux passeports» expliquent ce ralentissement, croit Mme Proach. Les hôtels et les restaurants du coin en pâtissent. «C'est probablement la pire année depuis 10 ans», dit-elle.

Selon Steve Lyons, directeur du marketing à l'Office de tourisme du Maine, on s'attendait à cette situation: «La US Travel Association avait prévu que les voyages au pays seraient en baisse de 2,5% cette année. Mais il est encore trop tôt pour dire ce qu'il en sera réellement. S'il fait beau, avec des températures de 30°C tous les jours, on pourrait peut-être renverser la tendance.»

Ailleurs aux États-Unis, la situation est loin d'être plus rose. «Les compagnies de bateaux américaines ont des prix que je n'ai jamais vus de ma vie», dit Lyne Rose, présidente de Voyages Bergeron. Une croisière d'un mois, du Chili à la Floride, à 4000$, «je n'ai jamais vu ça!» s'exclame Mme Rose.

«Et Las Vegas pleure», dit la voyagiste. «Il y a des aubaines à saisir en général.» Mais si le prix des croisières ou des forfaits avion-hôtel est à la baisse, ce n'est pas nécessairement le cas pour un touriste qui se rend en voiture à Boston, par exemple.

Il reste que les Canadiens ont un peu plus d'argent en poche que les Américains pour voyager et que l'industrie touristique ne ménage pas les efforts pour les attirer. Prix réduits, dollar au pair ou presque, «c'est très alléchant, partout, partout».