Alors que le processus de certification des résidences privées pour aînés devait se terminer au plus tard à la fin juin, encore 39% des établissements n'ont pas reçu leur accréditation. Plusieurs de ces établissements ne respectent pas les exigences en termes de protection contre les incendies et ne peuvent recevoir leur certification.

Sur les 2201 résidences privées pour personnes âgées du Québec, 850 ne respectent toujours pas l'ensemble des 26 critères de certification du gouvernement.

 

La ministre déléguée aux Services sociaux, Lise Thériault, explique que plusieurs résidences tardent à répondre aux critères de sécurité incendie. «Avant qu'un permis ne soit donné, les services d'incendie doivent faire leur inspection, dit-elle. Des résidences doivent ajouter des gicleurs ou des extincteurs. Et elles doivent ensuite attendre une deuxième visite des services d'incendie. Donc il y a parfois des délais.»

L'assistant directeur au centre d'expertise et de développement de la prévention au Service de sécurité incendie de Montréal, Ronald Dubeau, confirme que plusieurs résidences privées ne respectent pas encore les normes de sécurité incendie. «Elles doivent prévoir des plans d'évacuation pour sortir des gens souvent en lourde perte d'autonomie, explique-t-il. Plusieurs établissements manquent de personnel pour donner de l'assistance à tous leurs résidants. Surtout la nuit. Malheureusement, on ne peut pas donner notre accord dans ce temps-là.»

À Montréal, seulement le tiers des 330 résidences privées pour aînés respectent jusqu'à maintenant la sécurité incendie. Le directeur de la gestion du réseau de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, Normand Lauzon, confirme la situation. «Nous avons plusieurs édifices de tous genres ici. Certains sont plus vieux et d'autres hébergent plus de 600 personnes. Dans les grands établissements, l'inspection incendie est plus longue», dit-il.

En attendant, les pompiers de Montréal tentent de pallier le manque de sécurité dans certaines résidences. «On envoie plus de pompiers sur place quand des alarmes se déclenchent. Mais cette mesure ne peut pas rendre les résidences privées conformes», dit M. Dubeau.

Malgré ce contretemps, la ministre Thériault se dit satisfaite de l'efficacité du processus de certification. «Il n'y avait que 400 résidences certifiées en février. On en a maintenant 900 de plus, et ce, même si certaines résidences se sont inscrites tardivement, dit-elle. Et il ne faut pas oublier que le Québec est la seule province canadienne à certifier ses résidences privées.»

Le gouvernement a adopté le programme de certification des résidences privées pour aînés il y a deux ans. Pour obtenir un permis, les établissements doivent respecter 26 critères. Mais étant donné la lenteur du processus, la ministre Thériault a dû accorder un délai supplémentaire de quatre mois aux établissements cet hiver.

Encore aujourd'hui, plus de 850 établissements n'ont pas de permis. Mais selon la ministre Thériault, la majorité sont en voie d'être certifiés. «La très grande majorité collabore. C'est pourquoi nous allons leur permettre de terminer le processus dans les plus brefs délais», dit la ministre.

Environ 2% des résidences privées pour aînés - soit 46 établissements - refusent carrément de participer au processus de certification. Ces établissements recevront sous peu un préavis, puis un avis de non-certification. Elles pourraient devoir éventuellement cesser leurs activités si aucune amélioration n'est apportée. En tout, 1638 personnes âgées partout au Québec pourraient donc devoir être déplacées. «Les Agences ont toutes des plans de relocalisation», assure Mme Thériault.

La ministre ajoute que son gouvernement est aussi en train de revoir le processus de certification pour durcir certains critères. À la suite d'un reportage de La Presse cet hiver, le gouvernement avait entre autres décidé d'obliger les résidences à engager des préposés aux bénéficiaires ayant reçu une formation.

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