Les tensions semblent toujours aussi vives au sein de la communauté mohawk de Kanesatake. Le conseil de bande a accusé les policiers de la Sûreté du Québec (SQ), hier, de ne pas faire leur travail de façon adéquate.

«Ils travaillent pour avoir leur chèque de paie, mais en réalité, ils ne font rien», a lancé le grand chef du conseil, Sohenrise Nicholas, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse.

 

M. Nicholas a décidé de faire cette sortie publique à la suite d'un incident survenu dans la nuit de dimanche à lundi. Vers 2h, un conflit entre des membres de la communauté a dégénéré, dans le rang Sainte-Philomène. Résultat: une maison a été incendiée et un camion, embouti.

Sohenrise Nicholas estime que la SQ n'a pas fait le nécessaire pour prévenir la dispute, au cours de laquelle personne n'a été blessé. Des patrouilleurs ont visité la maison à deux reprises dimanche soir pour répondre à des appels signalant des voies de fait.

«S'ils avaient réagi plus tôt, rien de cela ne serait arrivé», a poursuivi M. Nicholas. Les agents de la SQ sont présents sur le territoire, mais ils tardent trop souvent à intervenir, estime le grand chef.

La SQ a réfuté hier les accusations du conseil de bande, affirmant «assumer pleinement la sécurité sur le territoire de Kanesatake». Personne n'a encore été arrêté relativement aux incidents du début de la semaine, mais l'enquête suit son cours, a assuré la porte-parole Martine Isabelle.

Cet incident rappelle les tensions qui subsistent entre certains membres de la communauté et la police provinciale, chargée de patrouiller sur le territoire depuis l'incendie de la résidence de l'ancien grand chef James Gabriel, en janvier 2004.

L'été dernier, des Mohawks ont saccagé deux véhicules de la SQ et dressé une barricade sur la route 344. Le retour d'une police autochtone a été l'un des principaux enjeux de la campagne électorale de l'an dernier. Sohenrise Nicholas, le chef élu, n'en faisait toutefois pas un objectif prioritaire.

Le conseil de bande sonde actuellement les membres de la communauté pour connaître leur avis sur le sujet. Des discussions ont cours entre la communauté et les ministères de la Sécurité publique provincial et fédéral, a souligné M. Nicholas.

La population de Kanesatake est divisée sur la possibilité du retour des Peace Keepers, selon Steve Bonspiel, un membre de la communauté. «Une partie souhaite les voir revenir, mais l'autre partie est encore échaudée par les événements de 2004», a-t-il dit.