Plus de 1400 agents municipaux sont devenus membres de la Sûreté du Québec à la suite de l'abolition de leur service de police. Certains d'entre eux portent ainsi l'uniforme vert olive même s'ils avaient échoué dans leur demande d'embauche «à la police provinciale» avant de joindre les rangs d'une organisation qui offre seulement les services de base.

C'est à la suite de la mise en application en 2001 de la carte policière et de l'adoption de la Loi de police, présentées par le ministre de la Sécurité publique, Serge Ménard, que la majorité de ces policiers municipaux ont troqué leur uniforme bleu pour celui de la SQ. À cause des exigences de la nouvelle loi, des élus municipaux en province ont décidé d'abolir leur corps de police devenu trop onéreux, d'autres ont décidé de le maintenir.

 

Mais au fil des ans, ils ont été dans l'obligation de revenir sur leur décision. Les démembrements se poursuivent et les derniers édiles à prendre cette décision sont ceux à la tête de la Régie intermunicipale de police de la Rivière-du-Nord (Piedmont, Sainte-Anne-des-Lacs et Saint-Hippolyte).

L'inspecteur Michel Martin a confié à La Presse que la SQ n'avait pas le choix de prendre dans ses rangs des femmes et hommes qui n'avaient pas répondu à ses critères d'embauche avant d'aller travailler pour un corps de police municipal qui est dissout.

«La SQ doit se conformer à la Loi de police qui stipule que tout policier, permanent ou occasionnel, d'un service municipal supprimé est intégré dans ses rangs», a précisé M. Martin de la direction des relations avec les municipalités et des communications de la SQ.

«Incapables d'entrer par la porte d'en avant, ils entrent par la porte d'en arrière. Mais avec l'expérience acquise, ils feront sans doute de bons policiers provinciaux», a dit un dirigeant de l'Association des directeurs de police du Québec.

«Tous les policiers intégrés, reprend M. Martin, rencontrent un comité de reclassement formé de membres de la direction de la SQ et du syndicat. Ils reçoivent une formation de base et ils doivent aussi passer par l'École nationale de la police du Québec. Il ne faut pas oublier que tout individu qui veut devenir policier au Québec doit subir avec succès ses trois années en techniques policières et sa formation à l'École de police. Les critères d'embauche d'un service à l'autre diffèrent.»

Quand on constate qu'un policier intégré à la SQ a de la difficulté à s'adapter à ses nouvelles fonctions, il est confié à un policier d'expérience.

«C'est un gros changement dans la façon de travailler, poursuit l'inspecteur Martin. Ce qui aide beaucoup est le fait qu'à la SQ, il y a beaucoup de mobilité, ce qui permet de placer ceux qui rencontrent des difficultés dans des secteurs où il y a un meilleur encadrement.»

Le chiffre exact d'agents municipaux intégrés est de 1463. La SQ compte dans ses rangs 5345 policiers et 2014 employés civils.

De son côté, le président de l'Association des policiers provinciaux du Québec (APPQ), Jean-Guy Dagenais, est d'avis que dans ces abolitions de service, «tout le monde trouve son compte».

«Les maires, a-t-il précisé, n'ont plus à négocier les conditions de travail de leurs policiers et économisent beaucoup d'argent tout en ayant un service clés en main. De leur côté, les policiers entrent dans un service qui offre un grand plan de carrière; tout un changement car auparavant, ils étaient destinés à être patrouilleurs durant toute leur carrière et lorsqu'il se produisait un événement majeur, ils devaient faire appel à la SQ.»

Dans la majorité des corps de police municipaux en région, les policiers n'ont pas droit à plusieurs avantages sociaux. Une fois intégrés à la SQ, ils reçoivent tous les avantages. «Nous avons eu un policier municipal qui était en congé de maladie prolongé et il a été intégré avec tous les avantages», a souligné M. Dagenais.

Il est déjà arrivé que des dirigeants syndicaux des policiers municipaux refusent systématiquement toute offre patronale dans le but de voir les élus locaux abandonner et réclamer au ministre de la Sécurité publique l'autorisation de procéder au démantèlement de leur corps de police.

«Le tiers des effectifs de la SQ est composé d'ex-policiers municipaux et dans le comité de direction de l'APPQ, nous avons d'anciens dirigeants syndicaux de services de police municipaux», a souligné M. Dagenais.

Les policiers provinciaux qui avaient pris leur retraite afin d'assumer un poste cadre dans un corps de police municipal qui est aboli reviennent à la SQ, mais leurs prestations de pension sont suspendues.

Il ne reste au Québec que 33 corps de police municipaux. Dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), toutes les villes sont obligées d'avoir un service de police, il en est de même en province pour les municipalités ayant une population de 50 000 habitants.