Un journaliste travaillant pour l'hebdomadaire américain Newsweek et un employé local de l'ambassade de Grande-Bretagne arrêtés lors des troubles post-électoraux en Iran y sont accusés d'«action contre la sécurité nationale», ont déclaré samedi leurs avocats.

Plusieurs personnalités du camp réformateur arrêtées depuis le scrutin présidentiel du 12 juin sont également accusées d'atteinte à la sécurité nationale, a déclaré à l'AFP Me Saleh Nikbakht.

Les autorités iraniennes affirment que des hommes politiques réformateurs, journalistes étrangers et employés iraniens de l'ambassade de Grande-Bretagne ont organisé le mouvement contestant la régularité de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad.

«Dès le premier jour, les accusés, notamment le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, ont été inculpés d'action contre la sécurité nationale», a précisé Me Nikbakht à l'AFP.

«Mais l'accusation d'action contre la sécurité nationale est une formulation vague et générale. Je ne connais pas les chefs d'accusations contre M. Bahari et les autres accusés et je ne peux pas dire quelle peine ils peuvent encourir», a-t-il précisé encore.

«Malgré plusieurs démarches auprès du parquet, je n'ai pas encore réussi à rencontrer mes clients et je ne sais pas dans quel état ils se trouvent», a-t-il ajouté.

Un autre avocat, Abdolsamad Khoramshahi, a identifié l'employé de l'ambassade britannique accusé des mêmes charges comme M. Hossein Rassam.

A Paris, où il est basé, le rédacteur en chef de Newsweek pour le Moyen-Orient, Christopher Dickey, a déclaré à l'AFP que M. Bahari était soupçonné d'activités contre la sécurité nationale mais qu'à sa connaissance, il n'avait pas fait l'objet de poursuites judiciaires formelles.

Le 1er juillet, Newsweek avait réclamé la libération de son journaliste détenu depuis le 21 juin «sans accès à un avocat» et démenti les accusations d'un média iranien selon lequel M. Bahari, installé en Iran depuis dix ans, a «pris part à une campagne orchestrée par les médias occidentaux pour promouvoir une couverture irresponsable des nouvelles en Iran».

Me Khoramshahi a précisé à l'AFP que, selon l'un des proches de Hossein Rassam, l'employé «est accusé d'action contre la sécurité nationale».

Il a dit avoir reçu une demande de la famille pour défendre M. Rassam mais ne pas l'avoir encore rencontré.

La veille, Ahmad Jannati, le chef de la plus haute instance électorale d'Iran, avait annoncé que des employés locaux de l'ambassade britannique seraient traduits en justice. Un second employé sur les neuf initialement arrêtés reste détenu. Les autres ont été libérés.

Le chef de la diplomatie britannique David Miliband a demandé «des clarifications urgentes» à l'Iran et l'Union européenne a convoqué les représentants de Téhéran dans les 27 pays pour protester.

Me Nikbakht a précisé que les autres accusés d'action contre la sécurité nationale «étaient Mohsen Safaie-Farahani, Mohsen Aminzadeh, Mohammad-Ali Abtahi, Abdollah Ramezanzadeh et Behzad Nabavi.

M. Safaie-Farahani (ancien vice-ministre de l'Economie), M. Aminzadeh (ancien vice-ministre des Affaires étrangères), M. Abtahi (ancien vice-président) et M. Ramezanzadeh (ancien porte-parole du gouvernement) servaient sous l'ancien président réformateur Mohammad Khatami qui a soutenu la candidature de Mir Hossein Moussavi à l'élection présidentielle.