Deux jours après le coup d'État, condamné à l'unisson par la communauté internationale, qui a provoqué l'exil du président Manuel Zelaya, le climat politique demeure tendu au Honduras. Cette situation ne manque pas d'inquiéter des parents québécois dont les filles sont en train de faire un voyage humanitaire dans ce pays d'Amérique centrale.

Il y a un an et demi, quand Pamela Taschereau-Viau a commencé à préparer son voyage humanitaire au Honduras, jamais elle n'aurait pensé se retrouver au beau milieu d'une crise politique potentiellement explosive. C'est pourtant ce qui lui est arrivé, à elle et 20 autres jeunes filles du pensionnat Saint-Nom-de Marie, arrivées au pays jeudi dernier, qui ont été témoins bien malgré elles des événements dramatiques des dernières heures.

 

Onze des jeunes filles de 16 et 17 ans sont dans le village de San Mathias, à deux heures de route de la capitale. Les 10 autres sont cependant à la maison de l'organisme Mer et monde, en plein coeur de Tegucigalpa, à deux kilomètres à peine du palais présidentiel, d'où le président Manuel Zelaya a été éjecté hier par l'armée hondurienne. Disons que l'objectif du programme, «connaître les réalités du pays, tant en ville qu'en campagne», a été rempli d'une façon assez particulière...

«On est dans la maison. On ne sort pas. On est au courant de ce qui se passe, mais on est super en sécurité ici, raconte la jeune fille, jointe là-bas. On a regardé la télé et aussi l'internet pour comprendre la situation.» Pamela n'est pas vraiment inquiète. En fait, elle est plutôt déçue de l'annulation des activités de coopération. En théorie, à l'heure actuelle, elle aurait dû être en pleine séance de coopération: aider à la construction d'une nouvelle aile au centre pour femmes Las Flores.

«C'est le calme plat ici. Mais on n'a pris aucun risque: personne ne sort de la maison. On est en contact avec tous nos groupes», souligne François Pineault, coordonnateur de l'organisme, qui gère une cinquantaine de jeunes sur place. Outre les filles de Saint-Nom-de-Marie, un groupe d'élèves du collège Brébeuf est également sur place. «On n'est pas nerveux et nos stagiaires non plus. On pense qu'il n'y aura pas de problèmes pour le retour. Mais évidemment, la situation pourrait basculer facilement», dit M. Pineault.

Le coordonnateur de Mer et monde tempère les images vues à la télévision. «C'étaient des images spectaculaires, mais il n'y avait que 300 ou 400 personnes qui manifestaient devant le palais présidentiel», dit-il, soulignant que la consultation populaire organisée par le président Zelaya était mal reçue par une bonne partie de la population.

Parents nerveux

Si les jeunes coopérantes ne sont pas nerveuses, leurs parents, eux, le sont. Marie-Lyne Taschereau est la mère de Pamela. «On est dans le gros stress. On est à l'affût de toutes les nouvelles. On n'en dort pas», dit-elle. Hier, elle a participé à une rencontre au pensionnat pour faire le point sur la situation. Après discussion, les parents ont décidé de ne pas rapatrier immédiatement leurs enfants. «Certains parents auraient voulu qu'on profite de l'accalmie pour les rapatrier. Mais finalement, on a décidé d'attendre», dit-elle.

«De toute façon, ça ne serait pas sécuritaire de les mettre sur les routes», fait valoir Anouk Martel, directrice adjointe du pensionnat, qui explique que les jeunes filles qui sont à la campagne n'avaient même pas entendu parler du coup d'État. «Elles ne sentent absolument rien de toute cette tension politique. C'est un peu abstrait pour elles», souligne-t-elle.

Le collège a cependant préparé un plan d'urgence, en collaboration avec les ambassades et la police locale, afin de rapatrier les jeunes de façon sécuritaire si jamais la situation devait mal tourner. «C'est sûr que la situation nous inquiète. On ne maîtrise pas tous les enjeux.»

Pour l'instant, le ministère des Affaires étrangères du Canada ne conseille pas aux touristes canadiens de quitter le Honduras. On recommande d'éviter de se promener sur les grands boulevards de la capitale et de ne pas se retrouver dans des attroupements.