La crise économique fait des victimes chez les enfants québécois. Une hausse des signalements faits à la DPJ depuis un an est en partie attribuable à la crise, selon les directeurs de la protection de la jeunesse qui ont dévoilé leur bilan annuel, hier.

Les signalements ont connu une légère hausse au Québec, passant de 68 646 à 69 705 en un an. Un nombre croissant de familles sont isolées et demeurent vulnérables, particulièrement dans un contexte économique précaire, ont fait valoir les 15 directeurs de la protection de la jeunesse réunis, hier, à Laval pour la présentation de leur bilan.

Les enfants de certaines régions, dont le Saguenay-Lac-Saint-Jean, écopent plus que d'autres. Cette région a connu une hausse globale de 13% des signalements. Dans des villes comme Roberval et Dolbeau, la hausse atteint 22%. «On avait connu une hausse semblable il y a quelques années, après la fermeture de l'usine Abitibi-Consol à La Baie. Le phénomène se répète cette année dans le Haut-Lac-Saint-Jean à cause de la crise forestière combinée à la crise économique qui touche la région», a indiqué la directrice de la protection de la jeunesse de cette région, Danielle Tremblay.

La région de la Côte-Nord connaît aussi une hausse des signalements. «Dans certaines villes de la Côte-Nord, c'est extrêmement difficile; préoccupant. Des travailleurs saisonniers dans le secteur forestier et d'autres dans les alumineries ont été mis à pied. Ça a inévitablement des conséquences dans les familles», a ajouté son homologue de cette région, Denise Langevin.

La pauvreté est un facteur de risque important qui amène du stress dans une famille, a souligné la DPJ. «Quand on est préoccupés comme parents, parce qu'on n'a pas d'argent pour payer le loyer et l'épicerie, ça affecte notre disponibilité auprès des enfants. La patience et la tolérance sont moins grandes», a expliqué Mme Langevin.

Deux enfants sur trois sont signalés pour un motif de négligence. De plus en plus les familles demandent de l'aide d'elles-mêmes, indique-t-on dans le bilan. Au moment de la création de la Loi sur la protection de la jeunesse, il y a 30 ans, la majorité des signalements provenaient plutôt des professionnels travaillant auprès des enfants.

À Montréal, contrairement à la tendance provinciale, on observe une légère baisse des signalements. Les centres jeunesse de Montréal (clientèle francophone et allophone) ont connu une baisse de 17% des signalements retenus (de 3832 à 3679 en un an).

La directrice du secteur protection, Michelle Dionne, a plusieurs hypothèses pour l'expliquer. «On travaille de plus en plus avec les organismes de milieu, qui sont très impliqués dans les familles. On peut penser que des signalements sont évités, car ces organismes jouent leur rôle efficacement», a indiqué Mme Dionne.

De moins en moins de signalements d'ados de 12 à 17 ans sont retenus, a-t-elle ajouté. «On a affaire à des familles à crise, sans nécessairement que les ados soient en danger. Ces familles ont un grand besoin de services, mais ce n'est pas un enjeu de protection», a expliqué Mme Dionne. Ainsi, ces familles sont redirigées vers d'autres services plus adéquats.