Le gouvernement Harper veut que la GRC enquête sur ce qui pourrait être le vol de près de 10 millions de dollars en métaux précieux, comme de l'or et de l'argent, à la Monnaie royale canadienne.

La semaine dernière, le producteur national de pièces de monnaie a confirmé qu'il avait demandé une enquête externe sur la différence entre les quantités d'or, d'argent, de platine et de palladium comptabilisées dans ses livres et le stock contenu dans sa forteresse de la rue Sussex, à Ottawa.

 

Jusqu'ici, ses porte-parole ont maintenu que cette différence n'était peut-être due qu'à une erreur comptable, et ont dit vouloir attendre les résultats de l'enquête avant de sauter aux conclusions. Or, pressé de questions depuis une semaine par les partis de l'opposition à Ottawa, le gouvernement a fini par annoncer hier qu'il avait demandé que la Gendarmerie royale du Canada mette son nez dans cette affaire.

«Ce matin, j'ai découvert que la Monnaie royale ne sera pas capable de retrouver la trace de tout l'argent perdu avec l'enquête, a admis le ministre d'État responsable du transport, Rob Merrifield, à la période de questions. J'ai donné l'instruction à la Monnaie royale d'appeler la GRC en renfort, pour qu'elle examine cette affaire de manière plus complète.»

Le ministre d'État a aussi précisé que les conclusions de l'enquête externe pourraient être prêtes dès cette semaine et qu'il les rendrait publiques sans délai.

L'opposition sceptique

Mais les partis de l'opposition doutent de sa bonne foi. Selon le député libéral Joe Volpe, le gouvernement est au courant de la situation depuis plus longtemps qu'il ne le laisse entendre. «C'est incroyable que le gouvernement, qui était au courant depuis quatre mois, se rende à l'évidence seulement aujourd'hui, par rapport à une action que nous réclamons depuis maintenant une semaine», a-t-il dit.

M. Volpe a affirmé que sept des neuf membres du conseil d'administration de la société d'État avaient été nommés par les conservateurs et que le président était un ami proche du ministre des Finances, Jim Flaherty. En plus de fabriquer et de distribuer les pièces canadiennes de circulation normale comme de collection, la Monnaie royale canadienne a vendu 2,2 milliards de pièces à 12 pays en 2007.

Les autres partis ont joint leurs voix à celle du député libéral pour dénoncer l'incompétence du gouvernement dans le dossier. «Ce gouvernement est une vraie passoire, a lancé la députée du Bloc québécois Christiane Gagnon. Un ministre oublie des documents secrets chez sa copine. Une ministre égare ses documents dans un studio de télévision et perd des cassettes compromettantes et, pour couronner le tout, la Monnaie canadienne ignore où sont passés des lingots d'or valant des millions de dollars. Est-ce que le premier ministre peut nous indiquer quel plan d'urgence il entend mettre de l'avant pour freiner cette crise aiguë d'incompétence?»

C'est le Toronto Star qui a révélé hier matin que la valeur des métaux manquants atteindrait 10 millions de dollars. Le quotidien a cité des sources anonymes. Les porte-parole officiels, comme le ministre d'État Merrifield, ont refusé de le confirmer.

La société de la Couronne a connu peu de vols depuis sa fondation, il y a 101 ans. Le dernier incident notoire remonte à 1996. Un machiniste avait alors dérobé huit barres d'or presque pur, qu'il avait vendues 8000$. De ventes en reventes sur le marché noir, la marchandise avait atteint un prix final de 40 000$. Pour des raisons inexpliquées, la Couronne avait au bout du compte laissé tomber les accusations de vol qui pesaient sur lui.