Après les architectes, c'est au tour des ingénieurs et des économistes du Québec de se montrer sceptiques, sinon carrément opposés à la construction d'hôpitaux universitaires comme le CHUM en mode de partenariat public-privé (PPP).

«Le PPP est un mode de réalisation inadéquat pour des projets complexes et comportant des inconnues comme les hôpitaux universitaires CHUM et CUSM, de même que pour la reconstruction du complexe d'échangeurs Turcot», a affirmé Zaki Ghavitian, le président de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

 

Au même moment, l'Association des économistes québécois publie un sondage montrant que seulement 32% de ses membres voient d'un bon oeil le choix du PPP pour la réalisation de grands projets d'hôpitaux universitaires. Cette association professionnelle regroupe 787 économistes; le tiers d'entre eux ont répondu à un sondage réalisé par la firme Léger Marketing.

Plus tôt cette année, le président de l'Ordre des architectes, André Bourassa, avait affirmé que la construction du CHUM en PPP n'avait «pas de sens», étant donné la complexité du projet. Le président de l'Ordre des ingénieurs abonde dans ce sens.

«Un hôpital est un organisme en perpétuel changement, a dit Ghavitian, au cours d'un entretien, hier. Il y a toujours une évolution en médecine et dans les besoins de la population. On ne peut pas figer cela dans un contrat de PPP. Ce n'est pas tout. Actuellement, il n'y a pas beaucoup de financiers qui prêtent de l'argent. Le gouvernement est appelé à garantir l'emprunt, comme il l'a fait pour la salle de l'Orchestre symphonique de Montréal. Cela signifie qu'il ne transfère plus les risques au secteur privé, ce qui est la raison d'être des PPP.»

La firme de sondage Léger Marketing a posé cette question à 228 économistes: «Le gouvernement du Québec est sur le point d'investir plus de 5 milliards de dollars pour la construction de trois grands centres hospitaliers universitaires (CHUM, CUSM et Sainte-Justine). Est-ce que ce serait selon vous une bonne ou une mauvaise chose que ces trois projets soient réalisés en mode PPP?» Le tiers des répondants (32%) seulement ont répondu que c'est une bonne chose; 53% estiment que c'est une mauvaise chose; 15% n'ont pas d'opinion.