La direction du Service de police de la Ville de Montréal a senti le besoin de rassurer la population, hier, après la sortie publique de la Fraternité des policiers de la veille sur les conséquences des compressions budgétaires sur les enquêtes menées contre le crime organisé.

Montréal sera le théâtre d'une «guerre» entre groupes criminels cet été pour l'acquisition de territoires de vente de drogues laissés vacants par les Hells Angels arrêtés dans l'opération policière SharQc, a dit à La Presse mercredi le président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur. Et la police de Montréal, touchée par des compressions budgétaires de 13,8 millions, manque de ressources pour les contrer, a dénoncé le président du syndicat.

 

La direction du SPVM dit avoir été «très surprise» par cette sortie du syndicat. «Si on avait une lecture de l'environnement qui nous disait qu'il y aurait des affrontements cet été, on interviendrait en amont. On ne resterait pas assis les bras croisés», a dit l'assistant-directeur Jacques Robinette, responsable des enquêtes spécialisées.

Rappelons que l'opération SharQc menée le mois dernier par la Sûreté du Québec a permis l'arrestation de la quasi-totalité des membres en règle des Hells dans la province. Les motards jouent un rôle majeur dans la vente de drogue, notamment la cocaïne, à Montréal.

La Fraternité a dénoncé les compressions touchant la salle d'écoute électronique et les équipes de filature qui auront un «impact certain» sur les enquêtes. La direction du SPVM n'est pas de cet avis. «C'est faux de dire que les enquêteurs n'ont pas d'outils pour enquêter. On n'a refusé aucun projet impliquant de l'écoute électronique jusqu'à maintenant», a affirmé l'assistant-directeur qui assure que les policiers seront «très visibles» cet été.

La direction du SPVM souligne qu'aucun homicide lié aux gangs de rue n'a été recensé depuis le début de l'année à Montréal. Les tentatives de meurtre liées aux gangs ont diminué de 22%. De plus, depuis un an, trois projets d'enquêtes d'envergure menées par le SPVM (Axe, Satellite et Réso) ont permis d'arrêter une centaine de membres de gangs de rue majeurs, dont des têtes dirigeantes telles Emmanuel Zéphir et Roy Haynes Junior. Dans sa lutte contre le crime organisé, le SPVM accorde la priorité aux enquêtes sur les gangs de rue. «Si les gangs de rue voulaient prendre la place des motards, on le saurait. Ce n'est pas ce qu'on voit sur le terrain», a conclu l'assistant-directeur.