Le Canada traverse une grave crise morale en refusant de mettre fin à l'avortement, estime le cardinal de Québec Marc Ouellet, qui dénonce du même souffle la «domination de la culture de la mort» depuis 40 ans au pays.

Alors qu'il participait à une manifestation sur la colline parlementaire visant à marquer le 40e anniversaire de la loi omnibus de Pierre Trudeau qui a décriminalisé l'avortement, le cardinal Ouellet a lancé hier un appel aux députés pour qu'ils adoptent une loi qui «protège la vie au lieu de l'éliminer».

 

Quelque 5000 personnes venues des quatre coins du pays ont participé à cette manifestation, «La marche nationale pour la vie», afin de réclamer une loi limitant l'avortement.

«Si notre pays est très envié dans le monde à bien des égards, il est au dernier rang pour la protection des êtres humains les plus fragiles, ceux qui ne sont pas encore nés. Nous ne pouvons pas rester silencieux devant cette injustice et cette violation du premier droit humain qui est le droit à la vie. Ce droit est bafoué chez nous plus que partout ailleurs en Occident. C'est triste, honteux et inacceptable pour la conscience morale de l'humanité et pour la réputation de notre pays», a affirmé le cardinal Ouellet à la foule.

«En tant que Canadiens, nous sommes conscients qu'un examen de conscience est nécessaire pour opérer le redressement moral qui s'impose afin de mettre fin à la domination de la culture de la mort et d'ouvrir l'avenir à la culture de la vie. Une culture de la vie qui promeut la reconnaissance de l'être humain dès le sein maternel et le respect de la vie humaine à toutes les étapes de son développement», a dit le primat.

Le gouvernement Harper a écarté l'idée de relancer le débat sur l'avortement en déposant un projet de loi sur cette épineuse question. Mais il a indiqué qu'il ne pouvait empêcher un simple député de déposer un projet de loi pour interdire ou encadrer l'avortement. Certains députés l'ont fait dans le passé, mais ces projets de loi n'ont jamais été adoptés.

Des députés ont formé un caucus pro-vie afin de relancer le débat à Ottawa. Ce groupe non partisan comprend une dizaine de députés conservateurs et une poignée de députés libéraux. Aucun député du Québec n'était présent à cette manifestation.

Le cardinal Ouellet a invité tous ceux qui croient que l'enfant à naître mérite d'être protégé à faire entendre leur voix en multipliant les pressions sur ceux qui dirigent le pays.

«Je lance un appel à nos représentants au Parlement qui ont charge d'administrer la justice et le bien commun afin qu'ils adoptent ou amendent les lois qui protègent la vie au lieu de l'éliminer. Le vide juridique en ce domaine favorise le déclin des valeurs, l'obscurcissement de la conscience morale et la prolifération de la violence. Nous le voyons dans les graves difficultés que rencontrent les éducateurs et éducatrices dans les écoles», a-t-il affirmé.

«Le temps est venu de réagir à la crise morale que traverse notre pays sur le plan des valeurs et du droit à la vie. Le temps est venu de prendre la parole et de réclamer justice pour les victimes. Le temps est venu d'agir pour un retour de la culture de la vie», a-t-il ajouté.

Interrogé au sujet de la manifestation, hier, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a affirmé que son parti appuie le droit d'une femme de choisir librement.

«Je pense que ces gens-là sont dépassés par le temps comme les réformistes en face de nous», a dit le chef bloquiste au sujet de ceux qui réclament une loi limitant le droit à l'avortement.