Le propriétaire des anciens ateliers du CN, le Groupe Mach, «demande deux fois le prix» pour ses terrains du sud-ouest de Montréal où l'Agence métropolitaine de transport (AMT) souhaite construire un centre d'entretien ferroviaire pour les trains de banlieue.

Lors d'une commission parlementaire, mercredi, le président de l'AMT, M. Joël Gauthier, a affirmé qu'«on a demandé au gouvernement de procéder par la voie d'expropriation» pour acquérir les anciens ateliers ferroviaires du CN et les terrains limitrophes, totalisant 1,7 million de pieds carrés, situés dans le quartier de Pointe Saint-Charles, juste à l'ouest du centre-ville de Montréal.

 

M. Gauthier faisait le point sur les projets de construction de deux centres d'entretien de 355 millions pour les trains de banlieue de l'AMT dont l'ouverture est prévue en 2012, dans l'arrondissement de Lachine, sur le réseau ferroviaire du CP, et dans le quartier de Pointe Saint-Charles, sur le réseau ferroviaire du CN.

«Dans le cas de Pointe Saint-Charles, a affirmé M. Gauthier, il y a eu des difficultés avec le propriétaire actuel du terrain. On ne s'entend pas sur la valeur du terrain.

On ne s'entend pas, et on est loin de s'entendre parce qu'il ne veut pas vendre. Il veut nous offrir un bail emphytéotique pour 50 ans.»

«Sur le plan de la valeur, c'est du simple au double, a affirmé M. Gauthier. On fait affaire avec des firmes reconnues d'évaluateurs agréés, et ce qu'on nous demande, c'est deux fois le prix de la valeur de nos évaluations.»

Joint par La Presse, hier, le président et porte-parole du groupe immobilier, Me Vincent Chiara, a confirmé qu'on «ne s'entend pas sur la valeur des terrains». Mais il a refusé de chiffrer de manière précise l'écart entre le prix demandé et les offres reçues de l'AMT pour ces terrains, qui représentent 40% de la propriété du Groupe Mach.

En citant plusieurs transactions immobilières conclues récemment dans le même secteur du Sud-Ouest, pour des terrains industriels prêts à développer, le promoteur immobilier a toutefois estimé que la valeur, au marché, de terrains identiques pourrait s'élever «jusqu'à 25$ le pied carré».

Une telle valeur appliquée sur le terrain de 1,7 million de pieds carrés que l'AMT souhaite obtenir pour son futur centre d'entretien représenterait des coûts d'acquisition de 42,5 millions.

Contaminés

Le Groupe Mach a acquis ces terrains du CN ainsi que les bâtiments des anciens ateliers ferroviaires du Canadien National dans le secteur de Pointe Saint-Charles, pour la somme symbolique de 1$, en 2004.

Avec ce coût symbolique venait aussi une facture environnementale pour la décontamination de ces terrains de 4 millions de pieds carrés, sur lesquels le CN a construit, réparé, nettoyé, et démonté des locomotives et des wagons de marchandises pendant un siècle.

«Dans le cas de l'AMT, si on veut construire un centre d'entretien pour le ferroviaire, il y aurait une continuité d'usage avec les anciens ateliers du CN, ces terrains n'auraient pas besoin de gros travaux de décontamination. L'AMT a les données sur l'état des sols, nous les lui avons fournies. Les négociations durent depuis un bout de temps.»

Le promoteur n'a pas voulu commenter directement les affirmations de M. Gauthier. Il a déclaré à La Presse avoir proposé une négociation directe, à partir d'évaluations foncières faites par chacunes des parties sur la valeur des terrains.

M. Chiara n'a manifesté aucune surprise lorsque La Presse lui a rapporté la possibilité d'une expropriation. «Il est certain que si le gouvernement procède par expropriation, nous ne pourrons pas faire grand-chose contre ça. Mais nous allons faire valoir nos droits pour obtenir le juste prix pour notre propriété.»

Vérification faite, le ministère des Transports du Québec a confirmé, hier, qu'un décret d'expropriation est bel et bien «en voie d'approbation», mais qu'il n'a pas encore été approuvé, ni par la ministre Julie Boulet, ni par le Conseil des ministres.