Ce qui devait être à l'origine une occasion de réjouissances a tourné en triste commémoration: la cérémonie de transfert d'autorité aux mains du Royal 22e Régiment, à Kandahar, a été assombrie, mardi, par la mort d'une jeune soldate de la base de Valcartier, victime d'une bombe artisanale à peine deux semaines après être arrivée.

La cavalière Karine Blais, âgée de 21 ans, du 12e Régiment Blindé du Canada stationné à la Garnison Valcartier, est la deuxième Canadienne à mourir en Afghanistan. Native de Les Méchins, elle servait avec le groupement tactique du 2e Bataillon du Royal 22e Régiment.

Quatre soldats ont aussi été blessés, dont deux qui se trouvaient dans un état sérieux mardi soir. Un peu plus de 24 heures après l'incident, la dépouille de Karine Blais était conduite vers son dernier repos.

Mardi, en fin de soirée, dans un ballet mécanique silencieux, ponctué par la polyphonie plaintive de la cornemuse, les porteurs ont accompli un rituel répété plus d'une centaine de fois par les Forces canadiennes. Devant plus d'un millier de militaires de tous les pays coalisés, rassemblés sur le tarmac, ils ont conduit le cercueil à bord d'un avion-cargo à destination du Canada.

«Nous nous souviendrons de Karine comme étant une femme souriante débordant d'énergie et accueillante envers les personnes autour d'elle», a fait remarquer l'agente de pastorale Martine Bélanger dans son oraison, en soulignant sa folle passion pour son partenaire, Hugo, qu'elle surnommait «Kermit».

Les militaires effectuaient une patrouille de sécurité à bord d'un véhicule blindé lorsque l'engin explosif improvisé a sauté, lundi vers 17h00, heure locale de Kandahar, dans le district de Shah Wali Khot, au nord de la ville de Kandahar.

«Il n'y avait aucun signe de combat et ils roulaient sur une route secondaire qui avait déjà été patrouillée auparavant», a précisé le lieutenant-colonel Jocelyn Paul, commandant du groupement tactique du 2e bataillon du Royal 22e Régiment.

Il commentait au cours d'un point de presse, mardi après-midi, à la suite d'une cérémonie de transfert d'autorité qui soulignait le remplacement, par ses troupes, du groupement tactique du 3e bataillon du Royal Canadian Regiment de Petawawa (Ontario) et de son commandant, le lieutenant-colonel Roger Barrett.

Les quatre soldats blessés ont été évacués par hélicoptère à l'hôpital multinational de l'aérodrome de Kandahar.

Deux d'entre eux étaient encore traités en fin de journée. L'identité des soldats blessés ne sera pas révélée.

«Ils se portent bien, mais leurs blessures sont sérieuses», a indiqué le lieutenant-colonel Paul.

Karine Blais était un «soldat exceptionnel», a déclaré Jocelyn Paul, au cours de la cérémonie de transfert d'autorité organisée à la base aérienne de Kandahar.

«Karine Blais était une jeune femme énergique, très appréciée de ses frères d'armes au sein de son escadron de reconnaissance, a-t-il poursuivi dans son discours. Depuis le début de cette mission, cette jeune femme avait fait preuve d'un courage remarquable.»

Au cours des 15 dernières années, les Forces canadiennes ont fait «énormément de progrès en faveur de l'intégration des femmes, au sein de l'armée de terre, dans toutes les armes de combat, a-t-il rappelé, dans le point de presse.

«Je dois vous assurer qu'elles sont excessivement courageuses, elles sont côte à côte avec des hommes et elles effectuent le même travail que nous tous. Donc oui, bien évidemment, on pense au fait qu'elle était une femme. Cela étant dit, elle était d'abord et avant tout un membre de l'équipe.»

Dans son allocution, durant la cérémonie, le brigadier général Jonathan Vance, commandant du Groupe opérationnel interarmées de l'Afghanistan, a donné un conseil aux soldats du Royal 22e Régiment: «Les événements qui se sont produits hier (lundi) nous rappellent comment cette mission est périlleuse, remplie de défis et de dangers. Vous devrez être aux aguets à tout instant, et surtout, garder un esprit offensif.»

Dans un point de presse après la cérémonie, le lieutenant-colonel Barrett a dit avoir été «impressionné» par les forces de sécurité afghanes qui, au début, étaient encadrées par les forces canadiennes, mais qui, à la fin, menaient eux-mêmes leurs opérations. Aussi, ses troupes ont repoussé la ligne que, dans les districts de Zari Panjwai, personne n'osait franchir auparavant, et il en est fier.

Il a recommandé à son successeur de «faire confiance à son jugement».

Karine Blais est le 117e soldat canadien à mourir en Afghanistan depuis le début de la mission dans ce pays. La première Canadienne à avoir péri en Afghanistan était la capitaine Nichola Goddard, du 1er Régiment du Royal Canadian Horse Artillery, le 17 mai 2006, dans une attaque à la grenade, dans le district de Panjwai.

«(Karine Blais) était une personne énergique qui donnait toujours son 100 pour cent», a souligné le brigadier général Vance à l'aérodrome de Kandahar, près du monument aux soldats canadiens tombés au champ d'honneur en Afghanistan.

«Elle possédait un sens de l'humour caractéristique, qui se démarquait pas sa véracité, a-t-il poursuivi. Franche et directe, elle démontrait des qualités de leadership prononcées.»

Outre son partenaire, la cavalière laisse dans le deuil sa mère, Josée, sa grand-mère, Laurette, et son frère, Billy.

Par voie de communiqué, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, a offert ses condoléances à la famille et a dit que «les Canadiens et les Canadiennes sont très fiers des services honorables rendus par la cavalière Blais à son pays». Il a aussi souhaité prompt rétablissement aux blessés.

La mort de la soldate constitue la première perte canadienne depuis le 20 mars, lorsque le caporal-chef Scott Vernelli, le caporal Tyler Crooks et les cavaliers Jack Bouthillier et Corey Hayes ont péri dans deux explosions séparées.