L'optimisme est de retour dans les cabanes à sucre québécoises. Après une année 2008 misérable, la saison 2009 s'annonce comme l'une des meilleures des 10 dernières années. Et l'eau d'érable coule toujours dans plusieurs régions de la province.

Les dernières statistiques font saliver Marcel Larochelle, vice-président de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec. Vendredi, la production de la province avait déjà atteint les 80 millions de livres de sirop, contre 50 millions en 2008. «On va doubler ce qu'on a eu l'an passé et on dépasse déjà le rendement par entaille pour 2007 et 2006.»

 

La saison n'est pas encore terminée et il est trop tôt pour parler d'une année record. Mais les résultats sont excellents pour les régions où la récolte est la plus hâtive, près de Saint-Hyacinthe et de Valleyfield, et il faut remonter à l'an 2000 pour trouver des chiffres aussi encourageants un 10 avril à l'échelle de la province. «On est vraiment bien partis et il nous reste encore 10, voire 15 bonnes journées dans plusieurs secteurs», se réjouit M. Larochelle, depuis son érablière de Saint-Prosper, en Beauce. «Ça coule encore à plein en fin de semaine», confirme Francine Lortie, à Bedford, dans les Cantons-de-l'Est.

Une météo idéale

Dans les Hautes-Laurentides, Gérald Brisebois évoque même une «année miraculeuse». Pour la première fois en 27 ans, il a dû louer un gros camion citerne pour entreposer ses surplus d'eau d'érable. Ses évaporateurs ne fournissent plus. «Je n'ai jamais vu ça!» Non seulement la saison a-t-elle commencé tôt, le 11 mars, comparativement au 4 avril l'an dernier, mais la météo est idéale depuis. Les nuits sont froides et la température grimpe légèrement au-dessus de zéro tous les jours. Hier, l'acériculteur s'est même risqué à prédire que l'eau d'érable coulera encore 10 jours avant de se changer en sève. «J'ai dû commander des barils additionnels pour 15 producteurs de la région», dit-il.

«On a une grosse année tous les 10 ans, et une très mauvaise tous les 15 ou 20 ans. Ce qui est particulier, c'est qu'elles nous arrivent l'une après l'autre cette fois», observe Roland Patry, qui baigne dans le sirop depuis 65 ans à Saint-Athanase, près de Kamouraska, Avec ses 65 000 entailles, il fait partie des plus imposants producteurs de la province: «Je vais au moins remplir mon quota, et peut-être même le dépasser.»

Gérald Brisebois espère que la saison sera assez bonne pour commencer à reconstituer la réserve de sirop d'érable de la province, mise à sec par cinq années de production en baisse.

«Si on avait encore eu une mauvaise année, on aurait dû limiter nos exportations et on aurait perdu des parts de marché à l'étranger», avance-t-il.

Plus prudent, le président du syndicat des Hautes-Laurentides, Normand Foisy, rappelle que les acériculteurs ne sont pas à l'abri d'un redoux qui stopperait net la production de sirop.

«La chaleur nous tue: si on dépasse 12 ou 14 degrés, le sirop va devenir trop foncé. Mais même si on ne fait pas une grosse année, elle aura au moins été meilleure que 2008.»

Les 7400 acériculteurs du Québec produisent 75% de tout le sirop d'érable du monde. En 2008, plusieurs régions avaient connu des baisses de production de plus de 50%.