Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, dit que s'il doute d'Abousfian Abdelrazik et croit qu'il pourrait représenter un danger de sécurité nationale, c'est parce que le nom de ce Canadien se trouve toujours sur une liste d'interdiction de vol dressée par l'ONU.

Le ministre admet que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) considèrent que M. Abdelrazik ne représente aucun danger. D'ailleurs, l'homme vit depuis presque un an à l'ambassade canadienne à Khartoum, au Soudan.

Mais si le ministre a décidé, personnellement, de refuser un passeport à ce Canadien, document qui lui aurait permis de rentrer chez lui, à Montréal, la semaine dernière, c'est parce que, dit M. Cannon, il avait «un doute raisonnable», doute inspiré par l'ONU.En point de presse, à Ottawa, jeudi, le ministre a répété qu'il revenait à M. Abdelrazik de se débrouiller pour faire enlever son nom de la liste de l'ONU. «J'ai invité, déjà, il y a deux semaines, cet individu à entreprendre des démarches pour enlever son nom de la liste,» a-t-il rappelé.

Si M. Abdelrazik s'est retrouvé sur cette liste, c'est à la demande des États-Unis, en 2006.

Mais le ministre Cannon se défend de faire davantage confiance à l'évaluation des États-Unis qu'à celle de ses propres agences de sécurité, soit la GRC et le SCRS qui n'ont rien à reprocher à M. Abdelrazik. «Je crois surtout les Nations unies,» lâche-t-il avant de refuser de répondre à d'autres questions sur le cas de ce Canadien qui est coincé au Soudan depuis six ans maintenant.

Les avocats de M. Abdelrazik assurent que l'ONU n'impose pas le respect strict de sa liste d'interdiction de vol quand il s'agit de rapatrier quelqu'un chez lui.

M. Cannon et son gouvernement devront s'expliquer en Cour fédérale à ce sujet, dans un mois. Le 7 mai, la Cour entendra une requête pour le rapatriement de M. Abdelrazik, en vertu du droit de retour au pays de tout Canadien, droit garanti par la Charte.

Le gouvernement déposera ses arguments dans cette cause, ce vendredi, à la cour.