La controverse qui éclabousse la FTQ-Construction sème le malaise chez des dirigeants syndicaux. Certains craignent que les dépenses extravagantes de l'ancien directeur général de la centrale fassent mal paraître tout le mouvement ouvrier québécois.

Des représentantes des principales centrales syndicales étaient rassemblées à Montréal, hier, pour souligner la Journée internationale de la femme. Pendant qu'elles énonçaient une série de demandes au gouvernement du Québec (voir autre texte), plusieurs ont admis que le scandale à la FTQ-Construction les trouble.

 

«Quand une chose comme ça se fait, ça éclabousse tout le mouvement syndical, a déploré la vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Michèle Boisclair. C'est un peu comme la crise financière qui a éclaboussé toutes les banques, tous les hauts dirigeants, toutes les personnes responsables de nos placements.»

Plus laconique, la première vice-présidente de la CSQ, Louise Chabot, a reconnu que le scandale «peut entacher l'action syndicale dans son global».

«Mais il ne faudrait pas généraliser», a-t-elle affirmé.

Radio-Canada a révélé la semaine dernière que l'ex-directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, s'est fait rembourser 125 000$ de notes de frais en six mois. Il s'est notamment payé des bouteilles de vin à 200$ et des repas de 3000$ avec l'argent des membres. Le syndicat a approuvé ses dépenses.

La Presse a également révélé qu'une enquête de la Sûreté du Québec avait permis aux policiers de découvrir que Jocelyn Dupuis entretenait des liens avec des membres du monde interlope, notamment des Hells Angels.

Dérapage

Après plusieurs jours de mutisme, le président de la FTQ, Michel Arsenault, a finalement brisé le silence, vendredi. Il a admis avoir demandé à Jocelyn Dupuis de démissionner lorsqu'il a pris connaissance de ses dépenses faramineuses.

«Il y a toujours ce danger de dérapage», a convenu la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

Même dans ses propres rangs? «Pas du tout», répond la dirigeante syndicale.

«On s'est donné, au chapitre des finances, des moyens comme des comités de surveillance, a-t-elle souligné. Il y a une très grande transparence au niveau des finances, au niveau de la reddition de comptes.»

Reprenant mot pour mot les propos de Michel Arsenault, Mme Carbonneau a ajouté qu'il ne faut pas «jeter le bébé avec l'eau du bain», faire porter le chapeau à tout le mouvement syndical pour les excès d'un seul de ses dirigeants.

«Ce serait terrible de profiter de cette situation d'abus pour discréditer ce mouvement qui a fait beaucoup plus pour la justice sociale et le progrès social au Québec», a-t-elle affirmé.