En 2003, Ali Weeks s'est installé dans un appartement du quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Une mauvaise surprise le guettait: deux ans après son emménagement, les punaises de lit ont envahi l'immeuble de l'avenue Somerled. En juin dernier, il a choisi de déménager, exaspéré par les piqûres et la démangeaison.

M. Weeks s'est installé dans un nouvel appartement de NDG, avenue Monkland. L'homme de 61 ans s'est débarrassé de son vieux matelas, espérant que les insectes qu'il fuyait resteraient derrière lui. Malheureusement, ses espoirs se sont vite envolés.

 

«Quelques jours après mon arrivée, j'ai réalisé que le sofa d'occasion que je venais de me procurer était lui aussi infesté de punaises», a raconté Ali Weeks, rencontré hier après-midi dans son trois et demi.

Il a tenté à deux reprises d'enrayer le problème avec des insecticides en vente libre, en vain. Sous les pressions de sa copine, il s'est résolu à appeler un exterminateur, qui a commencé son travail hier après-midi.

«C'est tellement gênant, tellement embarrassant d'avoir ce problème», a soupiré Ali Weeks, en regardant le technicien à l'oeuvre.

Un insecte résistant

Se débarrasser de punaises n'est pas une mince affaire. Dans un fascicule lancé le 30 janvier, la Ville de Montréal conseille aux locataires de ne pas tenter de régler le problème eux-mêmes et d'éviter d'utiliser des insecticides vendus dans le commerce.

«En fait, parmi tous les insectes pour lesquels nous avons à intervenir, c'est le plus difficile à exterminer, et de loin, a précisé Harold Leavey, propriétaire des Entreprises d'extermination Maheu. La blatte, c'est une vacance comparativement à la punaise!»

Les punaises de lit ont la couenne dure. «C'est un insecte très, très résistant, qui évolue depuis des milliers d'années», a expliqué Christian Korb, président d'ABC Gestion parasitaire.

Une punaise adulte peut vivre jusqu'à un an sans se nourrir de sang, indique M. Leavey. Pour les tuer, il faut les laisser 48 heures dans un environnement à -10°C, ou 20 minutes à 65°C. Et pour clore le tout, elles se multiplient à un rythme exponentiel: la femelle peut pondre jusqu'à quatre oeufs par jour.

Pour les éradiquer, les techniciens doivent répandre plusieurs sortes d'insecticide sur les matelas, les sofas, les meubles, dans les tiroirs, derrière les horloges... «Bref, un peu partout dans le logement», a souligné le technicien Khalid Ezzerki, qui traitait le logement d'Ali Weeks, hier.

Les plinthes et les prises de courant doivent aussi être traitées, puisque les punaises vivent souvent dans les murs. «Leur plus grand talent, c'est de se cacher», a résumé Harold Leavey, ajoutant que les logements adjacents et les lieux communs des immeubles doivent aussi être examinés.

Les occupants des lieux infestés doivent laver tous leurs vêtements et mettre leurs effets personnels dans des sacs de plastique avant l'arrivée des exterminateurs. Ils doivent passer l'aspirateur tous les jours pendant deux semaines après le traitement pour ramasser les oeufs.

«Généralement, l'infestation est enrayée après la première visite», a précisé Khalid Ezzerki, soulignant que les exterminateurs font une visite de contrôle deux semaines plus tard. «Je prie Jésus-Christ pour que ça fonctionne», a conclu Ali Weeks.