Ils en étaient avertis depuis 2004, mais tentent encore une fois de fléchir le gouvernement. Dans un mois, des centaines de bars qui possèdent moins de cinq appareils de loterie vidéo perdront cette source de revenus et risquent la faillite, ont-ils fait savoir aujourd'hui

Renaud Poulin, président de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec, estime que le retrait des appareils de loterie vidéo (ALV) dans les petits bars «ne sert qu'à aider un sénateur libéral en difficultés financières». La firme Attractions hippiques, propriétaire du sénateur Paul Massicotte, a jusqu'au 9 mars pour trouver un arrangement avec ses créanciers. L'entreprise souhaite notamment obtenir de Québec le droit d'augmenter le nombre d'ALV dans son salon de jeu montréalais.

Pourtant, les tenanciers de bars comptant moins de cinq ALV savent depuis près de cinq ans qu'ils perdront leurs appareils. La Société des loteries vidéo du Québec a avisé en décembre plus de 300 propriétaires de bars que leurs ALV, propriété de la société d'État, leur seront retirés entre le 16 et le 31 mars prochain. L'opération, la dernière étape du plan de restructuration adopté en 2004, vise à réduire l'accessibilité et la proximité des ALV pour lutter contre le jeu compulsif.

Aujourd'hui, en conférence de presse, quatre tenanciers membres de la Corporation ont plaidé que la disparition de leurs ALV entraînera peut-être la faillite de leur entreprise. «On n'a reçu aucune raison valable de Loto-Québec de nous les retirer», s'est plaint Patrick Michaud, propriétaire d'un établissement à Louiseville. «On ne demande pas d'argent, on veut seulement garder nos emplois.»

M. Michaud a évalué à «au moins 50%» de ses revenus les activités liées aux trois ALV de son bar, soit les 15 000 $ en commission qu'il reçoit pour chacun des appareils et les ventes de boissons et nourriture consommées par les joueurs.

«Je ne vois pas pourquoi on empêche une forme de partage plus équitable pour tout le monde», a renchéri Sylvain Chénard, de Longueuil (LeMoyne). «Mes voisins qui ont plus de machines vont les garder. C'est injuste.» Les joueurs ne feront que se déplacer vers un autre établissement, ce qui ne règle rien au problème du jeu compulsif, disent les tenanciers.

«Le rôle des ALV n'est pas d'assurer la survie financière des établissements», a indiqué aujourd'hui la porte-parole de Loto Québec, Marie-Claude Rivet. «S'il s'agit de la pierre angulaire du bar, il y a un problème, et ce n'est pas le nôtre. Ils ont eu quatre ans pour se préparer.»

En 2004, Loto-Québec s'est donné comme objectif de réduire de 31% le nombre de sites avec ALV, soit 1142 établissements. En retirant ces dernières années les ALV notamment des bars de Québec et Trois-Rivières - à cause de l'ouverture d'un salon de jeu -, la société d'État a atteint plus de 80% de son objectif, dit Mme Rivet.