Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador conteste le droit d'Hydro-Québec de lancer l'ambitieux projet hydroélectrique de la rivière La Romaine, soutenant qu'il empiète sur un territoire qui lui appartient.

Dans un avis transmis au gouvernement du Canada, le gouvernement terre-neuvien affirme que le projet de 6,5 milliards $ devant être lancé cet été est invalide et viole la Constitution du Canada.Le litige concerne la frontière de quelque 3500 kilomètres de longueur qui sépare le Québec du Labrador. Le projet la Romaine prendrait sa source, en amont, dans un territoire que les deux provinces revendiquent. Le Québec n'a jamais reconnu la décision du Conseil privé britannique qui, en 1927, a établi une partie de la frontière avec le Labrador le long du 52e parallèle.

Le tracé précis de la frontière n'a pas fait l'objet de négociations formelles depuis plus de 25 ans entre Québec et Saint John's.

Un porte-parole de Danny Williams, premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, a indiqué au «Globe and Mail» que ce dernier n'avait pas encore décidé s'il tenterait formellement de bloquer le projet La Romaine.

Au ministère fédéral de l'Environnement, une porte-parole, Lucille Jamault, a pour sa part souligné qu'une dispute territoriale du genre, si elle devait éclater, devrait être réglée entre les provinces. Le gouvernement du Canada ne s'impliquera que dans les aspects environnementaux du projet La Romaine.

À cet égard, le «Globe and Mail» déduit qu'en participant au processus d'évaluation environnementale, le gouvernement fédéral donne un appui tacite au Québec.

Ce possible contentieux s'ajoute à celui soulevé la semaine dernière par les Innus de la bande de Uashat Mak Mani-Utenam, sur la Côte-Nord. Ils ont servi une mise en demeure aux premiers ministres Jean Charest et Steven Harper pour les aviser de ne pas autoriser la construction d'un complexe hydro-électrique sur la rivière Romaine sans leur consentement.

La communauté autochtone affirme que la ligne de transport à haute tension qui reliera le projet au sud du Québec passera dans ses terres ancestrales.