La Commission des droits de la personne a écrit une lettre ouverte, mardi, pour tenter de calmer le jeu, après le brouhaha de lundi soir sur la question de la prière au conseil municipal de Trois-Rivières.

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse avait déjà donné raison à une citoyenne qui s'était plainte du fait que le conseil municipal de Trois-Rivières fasse une brève prière avant la séance du conseil. Elle avait «recommandé» au maire de Trois-Rivières Yves Lévesque de cesser de réciter la prière avant l'assemblée du conseil.Le maire et les conseillers se sont toujours opposés à cette recommandation de la commission, affirmant vouloir respecter les droits non seulement de la plaignante, mais aussi «ceux de la majorité».

«La décision de la commission vient brimer les droits de la majorité. On fait quoi des droits des autres dans la salle?» a demandé le maire, lundi soir, quelques minutes avant le début de l'assemblée.

Lundi soir, c'est donc un citoyen plutôt que le maire Lévesque qui a invité l'assemblée à réciter une prière.

S'en est suivi un brouhaha tel que la plaignante a dû quitter la salle. D'autres citoyens l'ont chahutée et invectivée après qu'elle eut dit au maire qu'il ne pouvait faire faire par un autre ce qu'il ne pouvait faire lui-même en vertu de la décision de la Commission des droits de la personne.

Mardi, la Commission des droits de la personne a donc appelé les parties à une discussion «respectueuse des opinions diverses».

La commission a également rappelé que d'autres conseils municipaux ont adopté une solution de compromis, celle de remplacer la prière par un moment de recueillement. «Une solution très simple existe et a été retenue par de nombreux conseils municipaux et par l'Assemblée nationale du Québec: remplacer la prière par un moment de recueillement. Cette solution est respectueuse des droits de chacun. La personne qui désire prier peut alors utiliser ce moment pour le faire. D'autres préféreront méditer, réfléchir ou simplement attendre le début de la séance. C'est leur choix et il doit aussi être respecté», écrit le vice-président de la commission, Marc-André Dowd, dans sa lettre ouverte.

La commission y explique également que sa décision porte sur un principe fondamental, celui de la séparation entre l'Eglise et l'Etat. Donc, un représentant de l'Etat ne peut imposer un rituel de nature religieuse dans l'exercice de ses fonctions.

Si un tel rituel était imposé à une personne qui ne partage pas ces croyances, «cette personne pourrait établir qu'elle est victime de discrimination fondée sur la religion», écrit encore M. Dowd.

La commission conclut qu'il est «inacceptable» qu'une citoyenne ait été huée pour avoir voulu faire respecter un droit que la commission lui a reconnu.

Le quotidien Le Nouvelliste, de Trois-Rivières, indiquait que la plaignante envisageait la possibilité de porter la cause devant le Tribunal des droits de la personne.