La cascade de conduites éclatées pendant la vague de froid a mis en relief la vétusté des infrastructures de la province, reconnaît la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau. Mais c'est Ottawa qui devra sortir le chéquier, car tant les villes que la province estiment avoir assez payé.

«Compte tenu de la précarité des finances publiques, on a fait tout ce qu'on pouvait faire dans le contexte budgétaire, affirme la ministre. On demande au gouvernement fédéral de faire sa part.»

Le Québec compte 43 500 km d'égouts et 37 800 km de conduites d'eau. C'est assez pour faire deux fois le tour de la Terre. Or, dans plusieurs villes québécoises, les tuyaux ont largement dépassé leur durée de vie. Par exemple, des sections de la conduite qui a cédé sous la rue Saint-Jacques, vendredi, dataient de 1891.

«Même si on voulait dire que, du jour au lendemain, on va changer tout ça, c'est impossible, explique Yves Toutant, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières. Pas une ville au Québec n'a les moyens de faire ça.»

Actuellement, les villes, Québec et Ottawa paient chacun le tiers des travaux d'infrastructures. Entre 2007 et 2012, ce programme tripartite entraînera des investissements de près de 9 milliards dans la province. Mais cette somme ne suffit pas, disent les maires.

«Avec l'argent qu'on a, tout ce qu'on fait actuellement, c'est qu'on ne recule plus», estime Jean Tremblay, maire de Saguenay.

Lors d'une rencontre prébudgétaire à Ottawa, la semaine dernière, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a d'ailleurs servi une mise en garde au fédéral: «La capacité de payer des villes, on l'a déjà exploitée au maximum.»

Trop lent

Les municipalités sont aussi exaspérées par le programme Chantiers Canada. Des complications bureaucratiques les privent de sommes qui leur avaient pourtant été promises. Un exemple: le Quartier des spectacles. Ottawa s'est engagé à verser 40 millions pour construire ce carrefour culturel. Mais Montréal n'a toujours rien reçu.

«Je souhaite qu'on arrête d'en parler et qu'on s'assure que les crédits entrent plus rapidement», dit le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, porte-parole de la Coalition pour le renouvellement des infrastructures.

Certains en ont eu assez d'attendre. Le maire de Québec, Régis Labeaume, a lancé le mois dernier un chantier de 7 milliards en 15 ans sans la moindre garantie du fédéral. Mais pour ce faire, il a augmenté la dette de la capitale: le service de la dette est passé de 17% du budget à 20%.

«On ne pose plus la question. Moi, je suis tanné d'attendre, a expliqué M. Labeaume. D'avoir des infrastructures potables dans un pays, pour moi c'est un projet de société. J'en ai assez de crier. On va passer à l'action.»

Le gouvernement Harper déposera son budget le 27 janvier.