Montréal a entamé une valse des millions pour remplacer de vieilles conduites d'eau en plomb, jugées dangereuses pour la santé. Le remplacement de l'une d'elles sur une longueur de 860 mètres coûtera 5 millions de dollars, a appris La Presse. De l'argent puisé à 90% dans le Fonds de l'eau, financé à même une taxe spéciale.

Au final, 75 000 conduites d'eau potable devront être remplacées complètement dans 11 arrondissements. Plus de 4000 propriétaires montréalais sont touchés. À la Ville de Montréal, on explique que le tiers des conduites, donc au moins 1000, ont déjà été changées. Les travaux devraient s'élever à 270 millions - s'il n'y a pas de dépassements de coûts, évidemment.

 

Les travaux, qui ont été approuvés cette semaine par le comité exécutif de Montréal, visent notamment le chemin Laval, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, où une trentaine de maisons datent de la Deuxième Guerre mondiale. En plus d'enlever et de remplacer la conduite de plomb, le soumissionnaire retenu, Infrabec, devra installer un égout pluvial, reconstruire complètement les entrées de service jusqu'à l'emprise de la rue, refaire la fondation de la chaussée, puis les trottoirs et l'asphaltage.

Pas de panique

Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent et ancien responsable du dossier, explique que des travaux ont été réalisés dans deux autres rues de son arrondissement. Il rappelle qu'il ne faut pas «paniquer» avec les conduites de plomb et qu'aucun cas d'intoxication n'a encore été recensé. Mais la Ville doit se conformer aux nouvelles normes du Québec, qui permettent une concentration de 0,01mg de plomb par litre. En comparaison, les tests dans les secteurs visés ont démontré des concentrations d'environ 0,05mg par litre.

«Tout ce qu'on fait, au fond, c'est de profiter de l'impératif de remplacer les conduites de plomb pour refaire les infrastructures d'artères qui en avaient grandement besoin, dit M. Sousa. On va y aller graduellement selon les besoins les plus urgents.»

Une histoire qui remonte à 2004

Philippe Sabourin, chargé de communication à la Ville, ajoute pour sa part que les résidants ont la possibilité de profiter des travaux pour changer le bout de tuyau qui se trouve sous leur propriété pour une somme d'environ 1000$. «C'est mieux de faire faire les travaux par un plombier certifié que par un Joe Bricole», a-t-il blagué.

Toute l'histoire autour des conduites de plomb, qui s'est étendue à l'ensemble des quartiers d'après-guerre au Québec, remonte à 2004, lorsqu'une résidante de Saint-Laurent a fait tester son eau.

Comme les résultats étaient inquiétants, la Ville avait poussé des tests plus loin, en partenariat avec la Direction de la santé publique de Montréal et avec le ministère de l'Environnement.

À ce jour, il est toujours déconseillé aux femmes enceintes et aux enfants de boire l'eau du robinet des résidences montréalaises concernées. Le plomb est reconnu comme un poison insidieux qui peut avoir des conséquences sur le développement du cerveau humain. Hier, au ministère de l'Environnement, le porte-parole, Patrick Septembre, n'était pas en mesure de dire si un protocole d'intervention a été signé pour le reste de la province. L'ancien responsable du dossier, Luc Proulx, a pris sa retraite.

Courriel Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca

 

CONTAMINATION AU PLOMB

Nombre de maisons visées

Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension: 817

Verdun: 764

Mercier-Hochelaga-Maisonneuve: 486

Saint-Laurent: 438

Lachine: 411

Rosemont-La Petite-Patrie: 385

Montréal-Est: 266

Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce: 258

Sud-Ouest: 174

Ahuntsic: 85

Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles: 30

Total: 4114

Les secteurs qui ne sont pas concernés: Saint-Léonard, Baie-d'Urfé, Dorval, Kirkland, L'Île-Bizard, Sainte-Geneviève, Pierrefonds, Roxboro.

Source: Division des eaux de Montréal