La réfection du pont Honoré-Mercier, entamée l'an dernier, coûtera 40% plus cher que prévu, a appris La Presse. Une série de frais inattendus a fait gonfler la facture des travaux de 120 millions à 170 millions, a confirmé la société fédérale qui pilote le projet.

Québec et Ottawa avaient annoncé en juin une cure jeunesse pour cet ouvrage, érigé en 1934. Dans la première phase du projet, une entreprise de Kahnawake a renforcé les structures d'acier du côté sud du pont. La seconde phase prévoit le remplacement du tablier par 520 panneaux préfabriqués en béton et devrait être terminée en 2011. C'est le même procédé qui a été utilisé lors des travaux au pont Jacques-Cartier, en 2002.

 

Cette deuxième étape n'est pas encore commencée que sa facture est déjà beaucoup plus importante qu'à l'origine. C'est que les gouvernements avaient basé leurs estimations sur le coût des réparations du pont Jacques-Cartier. Or, peut-on lire dans un document de Transports Canada, «un montant supplémentaire de 50 millions de dollars est nécessaire en raison de la complexité imprévue des travaux et du taux d'inflation des coûts de construction plus élevé que prévu».

«Il y a des éléments qui se sont ajoutés au projet qui font qu'il s'est ajouté 50 millions», a confirmé le porte-parole de la société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain, Jean-Vincent Lacroix.

Les prévisions ne tenaient pas compte de la construction d'une piste cyclable ni des barrières anti-suicide qui seront installées une fois le trottoir terminé. Autre imprévu, les travaux seront plus lents que ceux du pont Jacques-Cartier, car il est impossible de fermer le pont Mercier pendant la nuit. Cela forcerait les automobilistes à faire un détour de plusieurs dizaines de kilomètres pour rejoindre la Rive-Sud par le pont Champlain.

En ajoutant les coûts qui ne sont pas liés à la construction, comme les frais administratifs et les honoraires pour les plans et devis, la réfection du pont Mercier coûtera près de 200 millions.

Controverse Québec-Ottawa

Le financement du projet avive par ailleurs des tensions entre Québec et Ottawa. De passage à Montréal pour des consultations prébudgétaires, le ministre fédéral des Travaux publics, Christian Paradis, a annoncé hier un investissement de 50 millions pour mener la réfection à terme. Il n'a toutefois pas avisé le gouvernement provincial de son annonce, même si Québec doit éponger l'autre moitié de la facture.

Le gouvernement provincial doit en effet allonger 50 millions pour que le remplacement du tablier commence. Mais il doit d'abord s'entendre avec Ottawa sur la nature des tâches qu'il devra accomplir et sur la répartition précise des coûts. La ministre provinciale des Transports, Julie Boulet, n'a donc pas confirmé sa participation au projet. Elle n'a pas été invitée à l'annonce du ministre Paradis.

«On aurait aimé l'apprendre, qu'ils faisaient une annonce, a-t-elle fait savoir par la voix de son attaché de presse, Sylvain Leclerc. Personne n'était au courant de ça au bureau ce matin.»

Christian Paradis compte lancer un appel d'offres au printemps afin que la deuxième phase de la construction puisse débuter à l'automne. Mais les travaux ne commenceront pas tant qu'il n'y aura pas d'entente avec Québec, affirme-t-on au gouvernement provincial.

Le directeur général de la société des Ponts Jacques-Cartier et Champlain, Glen Carlin, se dit toutefois assuré que l'argent de Québec sera au rendez-vous.

«Nous avons un engagement formel avec la province du Québec», a-t-il affirmé.