Le mystère s'épaissit autour de la disparition de deux diplomates canadiens en mission au Niger. Une entreprise montréalaise confirme que les diplomates Robert Fowler et Louis Guay ont visité sa mine d'or, dimanche dernier, quelques heures à peine avant de se volatiliser dans la brousse.

Les deux hommes avaient pris contact avec la société Semafo, il y a quelques semaines, pour obtenir l'autorisation de visiter sa mine de Samira, à 90 km à l'ouest de la capitale, Niamey. L'entreprise exploite cette mine avec la minière canadienne Etruscan et le gouvernement du Niger.

 

Semafo avait donné son aval à la requête. Mais les deux hommes devaient confirmer leur arrivée 24 heures à l'avance. Or, à 10h30, dimanche matin, ils se sont présentés à la barrière sans s'annoncer.

«Notre directeur de mine était parti faire une promenade avec sa femme dans les alentours, a relaté le porte-parole de Semafo, Jean-Paul Blais. Quand il est revenu, ces gens-là étaient à la barrière de sécurité, où ils avaient été interceptés.»

Les diplomates ont visité la mine d'or ainsi que le village où vivent les étrangers qui y travaillent. Ils ont dîné avec le directeur du site avant de reprendre la route en milieu d'après-midi.

Quelques heures plus tard, dimanche soir, leur camion peint aux couleurs des Nations unies a été découvert dans la zone de Karma, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, une zone pourtant jugée sûre. Des téléphones cellulaires, un appareil photo et un manteau se trouvaient toujours à l'intérieur du véhicule.

Les deux hommes et leur chauffeur nigérien n'ont pas été vus depuis. La radio et la télévision d'État parlent de moins en moins souvent de l'affaire.

Motifs nébuleux

Les motifs de la visite des diplomates dans cette région restent nébuleux. M. Fowler est l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Niger et Louis Guay est son assistant. Arrivés au pays le 11 décembre, ils prenaient part à la Commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites.

Quel est le lien entre cette mission et la mine d'or de Samira? Nul ne le sait. Comme c'était dimanche, les deux hommes, des diplomates chevronnés, ont pu profiter d'une journée de congé pour visiter une entreprise canadienne. Ils avaient aussi sollicité une invitation des autorités pour assister à une fête non loin de Samira, a affirmé cette semaine le porte-parole du gouvernement, Mohamed ben Omar.

Le gouvernement nigérien affirme que les diplomates n'étaient pas en mission officielle, et qu'ils ont fait preuve d'imprudence en s'aventurant dans cette contrée.

Mais l'ONU a contredit cette affirmation hier. «M. Fowler est l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Niger et à ce titre chargé de s'occuper de tous les problèmes humanitaires et de régler le conflit avec la rébellion» touareg, a déclaré Modibo Traoré, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) au Niger.

Depuis 2007, les autorités sont aux prises avec un groupe rebelle touareg dans le Nord. M. Traoré a précisé que, au lendemain de son arrivée, Robert Fowler s'est entretenu avec les ministres de l'Intérieur et de la Justice. Officiellement, le Niger n'a jamais sollicité la médiation de l'ONU avec les rebelles, dont les chefs sont qualifiés de «bandits armés» et de «trafiquants de drogue».

Un petit groupe touareg a revendiqué l'enlèvement, plus tôt cette semaine, mais les officiers rebelles ont vite démenti ces allégations.

À Ottawa, hier, le ministère des Affaires étrangères n'a divulgué aucune nouvelle information sur le sort des deux diplomates.

Avec l'AFP