Les deux diplomates canadiens qui manquent à l'appel depuis dimanche au Niger ont-ils manqué de prudence lors de leur mission? C'est du moins ce que croit l'ambassadrice du Niger au Canada, Nana Aïcha Foumakoye.

Interrogée hier par La Presse, cette dernière a noté que les recherches du gouvernement nigérien pour retrouver Robert Fowler et Louis Guay n'ont pour le moment pas donné de résultats. «L'important pour le moment, c'est de les retrouver. Mais il y a eu un manque de vigilance de leur part», a avancé hier la diplomate lors d'une entrevue téléphonique.

Selon Mme Foumakoye, M. Fowler, qui est envoyé spécial des Nations unies au Niger, s'est entretenu avec le ministre de la défense du Niger vendredi. Ce dernier lui a demandé de le mettre au parfum de ses déplacements. «S'il l'avait fait, un garde de sécurité les aurait probablement suivis», croit la diplomate.

Pour le moment, les autorités nigériennes ont fourni peu d'informations sur la disparition des deux Canadiens et de leur chauffeur dans la région de Karma, à tout juste une quarantaine de kilomètres de la capitale du Niger, Niamey, une zone considérée très peu dangereuse. Le seul groupe de rebelles touareg qui avait revendiqué l'enlèvement s'est depuis rétracté et aucune autre piste n'a été avancée pour le moment par le gouvernement de ce pays africain, accablé autant par la pauvreté, la sécheresse que par les conflits interethniques. M. Fowler et Guay y ont été dépêchés dans le but d'établir un meilleur contrôle de la vente d'armes illicites utilisées contre les populations civiles du nord du pays.

Des témoins, interrogés par l'Agence France-Presse, ont aperçu dimanche soir en bordure de la route la voiture dans laquelle les deux Canadiens et leur chauffeur étaient montés plus tôt en journée. Le véhicule était vide, mais ses phares étaient allumés, son clignotant en fonction et ses portières étaient grandes ouvertes.

Cannon inquiet

Hier, le ministre des Affaires étrangères du Canada, Lawrence Cannon, s'est dit inquiet du sort des deux anciens ambassadeurs canadiens en Afrique. «Mais nous faisons tout ce que nous pouvons à cette étape-ci», a dit le ministre lors d'un point de presse en marge d'une réunion diplomatique qui a eu lieu à Québec. Le ministre est en communication avec son homologue nigérien, ainsi qu'avec les familles et proches des deux disparus.

Joint à Québec hier, un ami de longue date de Louis Guay, Yves Boissinot, a avoué qu'il trouve difficilement le sommeil depuis l'annonce de la disparition du diplomate originaire de Québec. Les deux hommes ont fréquenté le même pensionnat de La Pocatière dans leur adolescence et ont réussi à garder depuis leur amitié en vie, malgré la distance. Aux Affaires étrangères depuis les années 70, M. Guay a vécu à l'étranger pendant la majeure partie de sa vie adulte. «Quand j'ai eu 50 ans, je l'ai appelé. Il a sauté dans un avion pour assister à mon anniversaire», dit le pharmacien en souhaitant le retour prompt de son ami, père de cinq enfants, et de son collègue.