La journaliste de La Presse Katia Gagnon a reçu hier le prestigieux prix Jules Fournier remis par le Conseil supérieur de la langue française du Québec en reconnaissance de la qualité de la langue de ses textes, à l'occasion du congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

À l'emploi de La Presse depuis 1996, Katia Gagnon s'intéresse particulièrement aux questions d'intérêt social et n'hésite pas à se frotter aux sujets délicats. Le prix Jules Fournier lui a été remis notamment pour sa série de textes sur la santé mentale, dernier grand tabou de la société québécoise, ses reportages sur le sort des enfants gravement maltraités et négligés recueillis dans une résidence de la Montérégie et un portrait de la chef du parti québécois, Pauline Marois, tous publiés au cours des 24 derniers mois.

«J'ai profité d'un ingrédient essentiel : le temps. On m'a libérée pour de longues périodes pour faire ces reportages, ce qui m'a permis de faire un bon travail d'observation, d'amasser beaucoup de détails et donc d'écrire des textes très forts», a-t-elle souligné.

Conrad Ouellon, président du Conseil supérieur de la langue française du Québec (CSLF), a justifié ce choix de Mme Gagnon par son style original, «mariant simplicité, finesse et sensibilité ainsi que sa capacité à susciter un intérêt nouveau pour des sujets triviaux.»

«C'est la consécration d'une très grande journaliste qui fouille en profondeur des sujets compliqués, douloureux, émouvants et sur lesquels il est difficile de travailler. Katia le fait toujours avec une rigueur absolue. Elle sait émouvoir le lecteur et le convaincre de s'intéresser à ces problèmes de société majeurs», a aussi relevé hier le directeur de l'information de La Presse, Éric Trottier. Ce prix sera sûrement très inspirant pour le reste de l'équipe de rédaction de La Presse, a-t-il ajouté. Les journalistes Agnès Gruda et Alain de Repentigny avaient aussi été mis en nomination pour leurs portraits respectifs sur les commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor,et celui du chanteur Leonard Cohen.

Voici quelques-uns des textes de Katia Gagnon:

-Jeunes et santé mentale

-Santé mentale: vivre avec une bombe à retardement

-Santé mentale: la réforme, remède ou désastre?

-Maladie mentale: les anges gardiens de Montréal

Photographes

Deux photographes de La Presse ont aussi été honorés hier. Pour la troisième fois en quatre ans, Ivanoh Demers a reçu le prix Antoine Désilets, dans la catégorie Photoreportage, pour ses clichés de chasseurs de tornades aux États-Unis. «C'est une belle tape dans le dos de mes confrères pour continuer à me battre pour faire de bonnes photos», a-t-il dit.

Bernard Brault a été récompensé dans la catégorie vie quotidienne. Le cliché pris par un stagiaire de La Presse, Marco Campanozzi, au lendemain des émeutes de Montréal-Nord, a aussi été primé.

«La Presse a pris un virage majeur axé sur la présentation des reportages que peu de journaux ont osé prendre», a noté Éric Trottier.

Le congrès de la FPJQ a aussi été l'occasion d'honorer du prix Judith Jasmin Hommage le reporter Pierre Nadeau pour l'ensemble de sa carrière.

Le Grand Prix Judith-Jasmin, qui couronne le meilleur travail journalistique de l'année, a été remis à Alain Gravel, George Amar et Marie-Claude Pednault de Radio-Canada pour leur reportage «Le secret de Geneviève Jeanson», diffusé à l'émission Enquête de Radio-Canada.

Enfin, le CSLF a décerné le prix Raymond-Charette à Monique Giroux, pour son travail d'animatrice à la radio de Radio-Canada.