«Outrées». Le qualificatif suffit à peine à décrire le ressentiment des grandes centrales syndicales du Québec contre le gouvernement Harper. Elles l'accusent de faire du «Québec bashing» et comptent manifester haut et fort leur appui à la coalition des partis de l'opposition dans les rues de Montréal aujourd'hui.

Les grandes centrales syndicales (CSQ, FTQ et CSN) s'alarment des conséquences de ce qu'ils appellent la «triste semaine pour la démocratie» sur le climat politique du pays. Leurs mots sont durs envers le premier ministre à qui ils reprochent d'être injuste envers les Québécois. Le gouvernement Harper voudrait se venger d'eux parce qu'ils ont contribué à le priver d'une majorité au Parlement en appuyant massivement le Bloc québécois. «Cette rancoeur l'a amené à mettre en place un plan de dénigrement sans aucune mesure pour les secteurs en difficulté et les chômeurs, rien pour les travailleurs âgés, rien pour les familles, rien pour les retraités», a énuméré Réjean Parent, président de la CSQ.

Les syndicats vont même jusqu'à faire un rapprochement entre le gouvernement Harper et ceux des pays aux pratiques démocratiques douteuses. «M. Harper a préféré confectionner de toutes parts une crise politique sans précédent pour assouvir une soif de vengeance envers les partis d'opposition», a critiqué la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau.

Les trois centrales invitent le public à manifester à 13 h aujourd'hui devant le complexe Guy Favreau. Des représentants du Bloc québécois, du Parti libéral du Canada et du Nouveau Parti démocratique y feront des discours.

Le vice-président de la FTQ, René Roy, a comparé la prorogation de la session parlementaire au 26 janvier à un «lock-out» des députés élus démocratiquement. Il trouve inacceptable que les travaux soient interrompus à Ottawa au moment où les besoins sont les plus grands. «Les mesures qu'il faut adopter pour soutenir l'économie, Stephen Harper les connaît déjà. Ce délai ne fera qu'aggraver les choses.» Six semaines ne suffiront pas à calmer les ardeurs des syndiqués, dit M. Roy : «Il ne faut pas être devin pour prédire qu'il y aura des pertes d'emplois. Les Canadiens d'un bout à l'autre du pays ont besoin de travail et vont rester mobilisés pour que le gouvernement adopte enfin un véritable programme économique.»

D'autres appuis

La fronde anti Harper et pro-coalition menée par les syndicats a entraîné plusieurs groupes de pression dans leur sillage, hier. La Fédération des femmes du Québec, l'Union des artistes et les deux grandes fédérations représentant les étudiants des universités (FEUQ) et des collèges (FECQ) de la province ont tous annoncé qu'ils appuyaient la démarche des trois partis de l'opposition à Ottawa et prendront part à la manifestation aujourd'hui.

Une manifestation similaire est aussi prévue à Toronto aujourd'hui.