Des travaux mal faits et non supervisés par des professionnels, une surcharge de neige : tels sont les facteurs qui expliquent l'effondrement d'un toit au Gourmet du Village, à Morin Heights, où sont décédées trois travailleuses, conclut la CSST.

Le rapport de la CSST contient des faits troublants. Le 10 mars, soit deux jours avant le drame, des travailleurs ont fait remarquer à leur employeur qu'il y avait une fissure au plafond et que la porte de la cafétéria était difficile à ouvrir. L'employeur a communiqué avec un déneigeur qui n'a pas eu le temps de venir faire le travail. Et le 12 mars, jour du drame, une autre fissure est dépistée. Le déneigeur dit qu'il va venir.

Il ne s'est pas présenté. Vers 12h30, des craquements se sont fait entendre. Puis c'est l'effondrement.

En conférence de presse, la CSST s'est gardée de blâmer officiellement Gourmet du Village, disant que «c'était en fait la gestion du projet qui était déficiente», a déclaré Alexandra Rény, porte-parole.

La CSST a émis un constat d'infraction à Gourmet du Village, dont le montant - déterminé par le juge - variera entre 5000 et 20 000 $.

Mike Tott, président du Gourmet du Village, a déclaré dans un communiqué envoyé aux médias qu'il appuie le mandat de la CSST, mais qu'il a des «réserves» sur les conclusions du rapport et qu'il contestera devant les tribunaux le constat d'infraction déposé par la CSST. «La réalité est que le bâtiment qui s'est effondré a été construit par un entrepreneur général titulaire d'un permis. Cet entrepreneur était également présent sur les lieux à toutes les étapes de la construction du deuxième bâtiment construit à côté. En outre, le bâtiment adjacent a été construit sous la supervision d'une société d'ingénierie des structures qualifiée dont le principal ingénieur, membre en règle de l'Ordre des ingénieurs du Québec, a examiné les effets structurels du raccordement de ces deux bâtiments, y compris la tolérance au poids de la neige.»

M. Tott dit «regretter profondément cet accident» et signale avoir pris des mesures, depuis, pour assurer la sécurité des lieux.

La CSST a rappelé l'importance de bien déneiger ses toits et de procéder à une évacuation si des fissures anormales sont décelées, ce qui n'a pas été fait à Gourmet du Village.

Cela étant dit, la CSST rappelle qu'il n'y a pas lieu de paniquer puisque les édifices sont en général bâtis selon le Code du bâtiment, qui énumère des normes relatives aux charges de neige. Quand elles sont respectées et que les travaux sont supervisés par des professionnels - ingénieurs, architectes, etc. - de tels drames peuvent être évités.

Les familles des victimes ont pu consulter le rapport hier.