D'un océan à l'autre, le Canada a rendu hommage hier à tous ses soldats, ceux du passé comme ceux du présent. Au Québec, des cérémonies protocolaires ont eu lieu sur la base de Valcartier, ainsi qu'au cimetière Notre-Dame-des-Neiges à Montréal, en présence de Gilles Duceppe, Pauline Marois et Mario Dumont.

Parce que c'était, jour pour jour, le 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, ce jour du Souvenir revêtait un caractère particulier. Mais on a aussi rappelé le courage de ceux et celles qui ont combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, pendant la guerre de Corée et qui se battent présentement en Afghanistan.

Car, comme le rappelle Rémi Landry, analyste militaire et lieutenant-colonel à la retraite, ces cérémonies ne sont pas seulement un hommage aux anciens combattants, morts ou vivants. C'est un message de solidarité pour les soldats actuels. «Ce rituel sert à montrer, à ceux qui sont dans les Forces, que le pays est conscient de leurs sacrifices et qu'ils ne seront pas oubliés.»

À Ottawa, on a souligné l'événement par des chorégraphies aériennes, une apparition vidéo de John Babcock (dernier survivant canadien de la Première Guerre mondiale) et le relais d'une flamme symbolique entre soldats d'hier et d'aujourd'hui, devant la gouverneure générale, Michaëlle Jean, et le premier-ministre, Stephen Harper. À Toronto, on a libéré des dizaines de colombes, à la mémoire de ceux qui sont tombés pour la paix. D'autres célébrations se sont tenues à Halifax, Winnipeg, St.John's sur la base militaire de Kandahar, en Afghanistan.

Chaque guerre ses horreurs

À Montréal, la cérémonie avait lieu comme chaque année au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à la jonction des cimetières catholique, protestant et juif, devant un parterre de politiciens, d'anciens combattants et de membres de la Société Saint-Jean-Baptiste, organisatrice de l'événement. Huit vétérans se sont fait remettre une médaille de l'Assemblée nationale par Mme Fatima Houda-Pepin, députée sortante de La Pinière.

Roger Lalonde, 87 ans, ne faisait pas partie du nombre. Mais il ne s'est pas privé de dénoncer le «show» des guerres actuelles. «Un gars saute sur une mine et on trouve que c'est un héros national. C'est indécent! a lancé cet ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, qui a chassé les Japonais de l'île de Kiska en 1943. Quel gars a eu à combattre à la baïonnette en Afghanistan? Du corps à corps il n'y en a plus. Aujourd'hui, on pèse sur des pitons.»

«Les méthodes d'aujourd'hui sont définitivement différentes, admet Rémi Landry. Mais chaque type de guerre a son taux d'atrocité. Les comparer serait inapproprié. Cela fait toujours mal de voir un corps mutilé, un enfant qui a perdu ses parents ou un camarade amoché. La douleur reste la douleur.»

Plus de 100 000 Canadiens sont tombés au combat depuis un siècle, incluant 69 000 pendant la Première Guerre mondiale. Près de 47 000 sont morts à la Seconde Guerre mondiale, 517 pendant la guerre de Corée, 112 lors des missions de paix et 97 en Afghanistan.