Centraide Ottawa a recueilli 31 millions de dollars en 2007. À quelques kilomètres de là, la récolte a été moins bonne: Centraide Outaouais a dû se contenter de 4 millions. Par tête, les Ontariens ont été deux fois plus généreux.

L'écart entre ces deux organismes reflète la réalité. En 2007, le Québec a été une fois de plus bon dernier au palmarès de la charité canadienne, selon une étude de Statistique Canada qui compare les dons des provinces et des territoires.

 

Les Québécois ont donné 815 millions en 2007, soit cinq fois moins qu'en Ontario. Si le nombre de donateurs est similaire à celui des autres provinces, le don médian des Québécois a été de deux à trois fois inférieur, montre l'étude publiée hier.

«Nous faisons cette publication depuis 1990, et c'est à peu près comme ça tous les ans, note Francine Monette, analyste à Statistique Canada. Statistiquement parlant, on ne fait pas bonne figure.»

Mme Monette tient toutefois à souligner que le palmarès ne tient compte que des dons avec reçus fiscaux. «Il faut être conscient qu'il y a d'autres façons de donner à la communauté», dit-elle.

Une tradition

Les spécialistes interrogés hier ne partagent pas l'optimisme de l'analyste fédérale. Tous s'accordent à dire que les Québécois sont moins philanthropes que les autres Canadiens.

Kevin Cohalan, directeur du Centre d'action bénévole de Montréal, avance une explication historique. «Au Québec, l'Église a pris charge des services sociaux jusque dans les années 60. Pendant ce temps, les Canadiens anglais ont dû soutenir financièrement leurs services laïcisés. La tradition du don s'est installée.»

Plus dynamique

Richard Gauthier, PDG du Centre d'études sur l'action communautaire et bénévole, souligne que les Québécois donnent moins aux groupes religieux. La sollicitation est beaucoup plus dynamique au Canada anglais, ajoute-t-il.

Les Québécois, citoyens les plus taxés d'Amérique du Nord, contribuent également par leurs impôts, conclut M. Gauthier. En effet, le Québec est plus présent dans les services sociaux, et l'aide sociale figure parmi les plus généreuses de la planète.

Une amélioration

«Mais tranquillement, la tradition philanthropique s'installe», croit M. Cohalan. Les chiffres lui donnent raison: les dons de charité au Québec ont augmenté de 4,5% depuis 2006, l'une des progressions les plus importantes de la province.