Le prochain président des États-Unis devra maintenir l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), a averti hier l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David H. Wilkins.

M. Wilkins, qui donnait une conférence à Montréal, a ainsi indirectement pris position contre le protectionnisme prôné par le candidat démocrate à la présidence, Barack Obama.

 

«Certaines personnes et des gouvernements -pas moi- pensent qu'un Congrès à majorité démocrate associé à un président démocrate pourrait accroître le protectionnisme aux États-Unis», a-t-il dit devant une centaine de personnes.

Or, «en ces temps difficiles (sur le plan économique), ce n'est pas le temps pour mon pays de se désengager du Canada, son meilleur ami et allié, ou de tout autre pays (...) Je dois croire que le prochain président va réaliser que l'ALENA est si bénéfique qu'il ne va pas risquer de le perdre.»

À une semaine de l'élection présidentielle aux États-Unis, l'Institut Fraser a invité hier soir M. Wilkins à discuter des relations entre son pays et le Canada.

Nommé ambassadeur au Canada en 2005 par George W. Bush, David H. Wilkins est un partisan et ami du président sortant. Alors que son mandat s'achève, le républicain de la Caroline-du-Sud n'a toutefois pas tenu à offrir son appui à l'un ou l'autre des candidats.

«Les Canadiens vont peut-être découvrir qu'ils vont s'ennuyer du président George W. Bush», a-t-il tout de même dit, provoquant le rire de l'assistance.

Le protectionnisme d'Obama

Pendant la course à l'investiture démocrate, Barack Obama a multiplié les attaques contre l'ALENA, traité de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Un accord qui mènerait à une perte d'emplois, a averti M. Obama. S'il est élu, fera-t-il des changements à l'ALENA? Pas nécessairement, répond Pierre Martin, directeur de la chaire d'études politiques et économiques américaines à l'Université de Montréal.

«Historiquement, les démocrates sont assez critiques envers les ententes commerciales et le libre-échange, notamment parce que le parti est plus proche des syndicats. Mais le fait d'être assis dans le siège du président transforme certaines perspectives.»

M. Martin rappelle que le président démocrate Bill Clinton a appuyé l'ALENA pendant son mandat, contrairement au discours qu'il prônait en campagne électorale. «J'anticipe la même chose avec Barack Obama», conclut-il.