Près de 300 personnes ont déambulé dans les rues de Montréal-Nord hier après-midi afin de lancer un message de non-violence à la jeunesse québécoise. Armés de pancartes aux propos pacifistes, les manifestants ont scandé des slogans et dansé sur des rythmes hip-hop dans une ambiance calme et festive.  

«Je suis ici pour dire haut et fort que la violence gratuite est inacceptable, a lancé Ludnie Désiré, 24 ans. Ce n'est pas normal qu'un échange de coups de feu ou de coups de couteaux soit devenu aussi banal. Cette mentalité du Far West doit cesser», a-t-elle ajouté alors que les haut-parleurs fixés à l'arrière du camion qui ouvrait la marche crachaient une version rap de la chanson Quand les hommes vivront d'amour.

Régine Prédestin a bravé le froid pour rendre hommage au jeune Fredy Villanueva, abattu en août dernier par un policier. Elle a également voulu souligner la mort de son cousin, atteint d'une balle perdue lors d'une fête le 25 juin dernier à Varennes.

«Je marche pour dénoncer la loi du silence qui existe dans certaines communautés lorsqu'il y a des actes de violence, affirme la jeune femme de 26 ans. Les citoyens dans les quartiers défavorisés qui sont témoins de choses graves ont souvent peur de témoigner, ce qui malheureusement empêche les enquêtes d'avancer.»

Le maire appelle au calme

Au moment où les manifestants commençaient leur marche pour la paix hier à Montréal-Nord, un jeune homme de 18 ans, recherché pour tentative de meurtre, se faisait tirer par un policier dans le quartier Saint-Michel.

Craignant des débordements comme il y en a eu dans la foulée de la mort de Fredy Villanueva, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a immédiatement lancé un appel au calme aux Montréalais. « Comme toujours en pareilles circonstances, une enquête indépendante s'enclenche. Elle nous permettra de faire toute la lumière sur la séquence des événements. » La mairesse de l'arrondissement, Anie Samson, a convoqué une réunion d'urgence avec les organismes communautaires en fin d'après-midi.

«Cela prouve à quel point notre démarche est importante», soutient le président de la Coalition montréalaise de la non-violence et organisateur de la manifestation d'hier, Géthro Auguste.

«Les jeunes doivent comprendre que la violence engendre la violence, explique M. Auguste, qui a profité de l'occasion pour lancer lui aussi un appel au calme. S'ils veulent être pris au sérieux, ils doivent emprunter des voies plus pacifiques.»

Les organisateurs de la manifestation ne craignent pas que la fusillade d'hier engendre d'autres émeutes.

«Les circonstances sont différentes, souligne un intervenant communautaire de Montréal-Nord, Victor Henriquez. Les gens ont considéré la mort de Fredy comme une injustice parce qu'il n'avait pas de dossier criminel et parce qu'aucune accusation n'avait été portée contre lui. C'est cela qui les a poussés à réagir. Dans cette affaire, je crois que les citoyens vont faire la part des choses et emprunter la voie de la non-violence.»

La marche pour la non-violence de Montréal-Nord est organisée chaque année depuis quatre ans dans le cadre de la Semaine de la non-violence.