Vous en avez assez des appels de télévendeurs? À partir d'aujourd'hui, vous pouvez inscrire votre numéro sur la liste nationale d'exclusion du télémarketing. Mais l'application de la mesure risque d'être compliquée, prévient l'industrie du télémarketing.

Depuis minuit hier soir, les Canadiens peuvent ajouter leur numéro de résidence, de télécopieur ou de cellulaire sur la liste du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Il suffit de composer le 1-866-580-3625 ou de naviguer à www.lnnte-dncl.gc.ca.

Les firmes de télémarketing et les entreprises canadiennes qui embauchent des télévendeurs devront obligatoirement s'abonner au registre des abonnés qui ne souhaitent pas recevoir d'appels, explique Denis Carmel, porte-parole du CRTC.

«Au moins une fois par mois, ces entreprises devront comparer leur liste à celle qu'on leur fournira, et retirer les noms en conséquence», explique-t-il.

Le CRTC offre une période d'adaptation d'un mois aux firmes, après quoi elles devront retirer le nom des consommateurs au maximum un mois après leur inscription. Dès lors, les individus et les entreprises fautives s'exposent à des amendes allant jusqu'à 1500$ et 15 000$ respectivement.

«C'est l'entreprise qui vend le produit qui risque l'amende, et non la compagnie qui fait l'appel pour elle», précise Denis Carmel. Les organismes de charité, les partis politiques, les journaux, les compagnies de sondage et certaines entreprises commerciales sont toutefois exemptés de la liste (voir capsule).

Ce sera compliqué, dit l'industrie

Les compagnies de télémarketing accueillent l'arrivée de cette nouvelle liste avec scepticisme. «Le principe est bon, mais l'application risque d'être très compliquée, croit Claude Laroche, PDG du Groupe Parca, une entreprise qui fait du développement de la clientèle pour plusieurs compagnies canadiennes.

M. Laroche souligne que les firmes devront elles-mêmes trouver un logiciel et le personnel nécessaire pour revoir leur liste. De plus, sa compagnie devra payer 11 280$ par année au CRTC s'il elle veut avoir accès aux listes d'exclusion pour tout le Canada.

«Et comment le consommateur pourra-t-il prouver que la firme l'a appelé. Et qu'elle n'était pas exemptée de la liste?» demande-t-il.

À cette question, Denis Carmel répond que le CRTC enquêtera sur les entreprises qui reçoivent plusieurs plaintes sur son site web. «Si c'est systématique, on pourra leur demander de nous fournir leur liste», dit-il.

D'ici là, Guy Saint-Amand, qui a été directeur marketing pendant 17 ans pour des entreprises de chauffage, s'inquiète de voir les États-Unis percer dans le marché canadien. En effet, les entreprises américaines ne sont pas tenues de respecter la liste. «On va simplement déplacer le problème à l'extérieur», conclut-il.

Les exemptions

Certains types d'appels et de télécopies sont exempts de la liste.

- Les organisations caritatives enregistrées qui sollicitent des dons.

- Les journaux offrant des abonnements.

- Les partis politiques et leurs candidats.

- Les entreprises avec lesquelles vous avez eu des relations commerciales au cours des 18 derniers mois.

- Les organisations qui réalisent des études de marché, des sondages et des enquêtes.

Les télévendeurs qui sont exemptés doivent toutefois tenir leurs propres listes de numéros de télécommunication exclus. Depuis aujourd'hui, ils sont tenus de le faire dans les 31 jours suivant la demande d'exclusion.

Source: CRTC