Montréal procèdera en 2018 à un deuxième dénombrement des itinérants présents sur son territoire. La métropole entend évaluer l'efficacité de ses mesures pour lutter contre l'itinérance en déterminant s'ils sont plus ou moins nombreux qu'en 2015.

Le tout premier dénombrement réalisé la nuit du 24 mars 2015 avait permis de compter 3016 personnes «en situation d'itinérance visible». Déjà à l'époque, on disait vouloir répéter l'exercice pour suivre l'évolution de la situation.

Ce sera chose faite puisque l'administration Coderre vient de confirmer qu'elle confie un deuxième mandat au Centre de recherche de l'Hôpital Douglas pour réaliser ce deuxième dénombrement. Ce nouvel exercice, qui aura lieu au printemps 2018, devrait coûter 225 000 $. La moitié de la facture sera couverte par Montréal tandis qu'Ottawa et Québec se partageront le reste de la note.

Le maire Denis Coderre dit compter sur ce nouveau dénombrement pour «vérifier la croissance ou la décroissance du phénomène de l'itinérance et d'adapter en conséquence les actions de la Ville».

Un tel dénombrement comporte d'importantes limites, prévient toutefois le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM). «Ça donne un polaroid imparfait de la réalité d'un soir», estime son directeur, Pierre Gaudreau.

Même si pas moins de 700 bénévoles avaient passé la ville au peigne fin durant la nuit du 24 mars 2015, l'organisme estime qu'on était passé à côté d'une importante partie du phénomène. Le dénombrement avait par exemple permis de dénombrer seulement six itinérants dans Côte-des-Neiges, alors que les patrouilleurs du SPVM dans le secteur disent connaître les noms de 45 d'entre eux qu'ils croisent fréquemment dans les rues de leur quartier.

«L'enjeu, ce n'est pas de faire une guerre de chiffres. Mais si on planifie notre intervention à partir de ceux-ci, on manque bien des réalités», dit Pierre Gaudreau.

Oui, l'exercice est imparfait, mais il demeure important, répond Serge Lareault, protecteur des personnes en situation d'itinérance à la Ville de Montréal. «Ça nous permet d'avoir une meilleure idée du nombre de personnes itinérantes dans l'espace public. Mais c'est certain qu'il y a beaucoup de personnes en situation d'itinérance cachée, ce qui est très difficile à recenser. Mais on n'a pas encore de méthode qui permet d'avoir un portrait complet.»

En dénombrant l'itinérance visible, «on est capables de mesurer la pointe de l'iceberg durant une journée. Alors c'est vrai qu'il faut éviter de penser qu'il y a 3016 itinérants à Montréal», convient Serge Lareault

Mais en parlant à un peu plus de 3000 personnes en une seule soirée, le dénombrement a tout de même le mérite d'ouvrir une fenêtre sur un monde souvent dans l'ombre, poursuit le protecteur. «Par exemple, sur les 450 personnes qui affirmaient dormir dehors en mars 2015, seulement 13% disaient ne plus chercher un logement, alors que les autres disaient ne pas être capables d'en trouver. C'est éclairant, parce que beaucoup de gens pensent qu'ils restent dans la rue par choix», résume M. Lareault.

> Consultez le bilan du premier dénombrement (2015)

> Consultez la réponse du RAPSIM au dénombrement 2015