La course à la mairie de Montréal est passée bien près de prendre fin avant même de commencer officiellement. La seule rivale annoncée à l'actuel maire, Valérie Plante, a été convoquée ce matin au Palais de justice pour faire partie d'un jury, mais a pu en être exemptée en raison de la campagne électorale.

L'aspirante mairesse a dû se présenter au Palais de justice ce matin, où elle avait été convoquée pour participer à la sélection d'un jury. Elle a soumis une lettre au shérif pour justifier pourquoi elle demandait à être exemptée, demande qui a été acceptée.

«J'aurais aimé cela, mais le timing est mauvais. C'est un devoir citoyen, mais avec la campagne électorale, ça ne s'y portait pas», a indiqué Valérie Plante en entrevue à La Presse.

Au-delà de l'empêcher de briguer la mairie de Montréal, sa sélection comme jurée aurait représenté un dur coup pour son parti, qui a engagé d'importantes dépenses depuis déjà un mois pour mousser sa candidature. Bien que la campagne ne débute officiellement que le 22 septembre, Valérie Plante est déjà en campagne depuis la mi-août.

«D'importantes ressources financières et humaines ont déjà été consacrées à l'organisation de la campagne électorale. Ma participation à ce procès risquerait de placer ma formation politique en situation précaire vis-à-vis des institutions financières qui nous ont prêté de l'argent, ainsi qu'aux individus qui ont cautionné des prêts en leur nom personnel», a-t-elle soumis.

Valérie Plante dit ignorer pour quel procès elle avait été convoquée, ayant été exemptée avant même d'être entendue par le juge. Soulignons que plusieurs procès devant jury débutent cette semaine. La sélection du jury commençait hier dans le procès d'Éric Beaudoin, accusé d'agression armée et de méfait le 20 novembre 2015. Mercredi, le processus débute dans le procès d'Ahmad Nehme, accusé d'avoir tué sa conjointe en 2012. La sélection de deux jurys doit avoir lieu jeudi, pour le procès d'El Mahdi Jamali et Sabrine Djermane, deux cégepiens accusés d'une série d'infractions terroristes, et celui de Leslie Greenwood, accusé dans le cadre de deux meurtres commis en 2010.

Pas de traitement de faveur

«Pour moi, c'est sûr et certain qu'elle n'a pas eu un traitement de faveur avec ce qu'elle invoque. Je ne suis pas surpris qu'elle ait été exemptée, évalue le criminaliste Richard Dubé. Les juges y vont avec le gros bon sens. [Une élection], c'est un exercice démocratique qui bénéficie à tous. C'est le bien commun qui prime, dans ce cas.»

L'avocat rappelle que c'est les convocations sont déterminées au hasard à partir de la liste électorale. Bref, à part y voir une confirmation que Valérie Plante est inscrite à la liste électorale, on ne peut rien déduire de sa convocation, résume le criminaliste.

Me Dubé souligne que ce n'est pas la première fois que des politiciens sont ainsi convoqués, la pratique étant même fréquente aux États-Unis. En 2010, Barack Obama avait été convoqué en 2010 par un tribunal de Chicago alors qu'il était président du pays depuis deux ans déjà. Il en avait été exempté puisqu'il était à préparer un discours sur l'état de l'Union. En 2015, l'ex-président George W. Bush a ainsi été convoqué par un tribunal de Dallas. Le 43e président n'avait pas été exempté, mais il n'avait pas été retenu.

- Avec Louis-Samuel Perron