Un premier ministre comparé à Adolf Hitler. Un autre politicien traité d'«imbécile». Des jurés qualifiés de «BS». Plusieurs messages controversés des Justiciers masqués ont disparu de l'internet après l'annonce qu'un des membres du tandem, Marc-Antoine Audette, se présentait en politique municipale sous la bannière de Denis Coderre.

L'animateur de radio a confirmé lundi matin qu'il faisait le saut en politique. Il briguera le district de Saint-Paul-Émard-Saint-Henri-Ouest pour Équipe Coderre lors des élections du 5 novembre.

Le duo humoristique des Justiciers masqués, qui a longtemps été à la radio, s'est fait connaître pour ses coups téléphoniques, piégeant notamment l'ex-président français Nicolas Sarkozy en 2007. Il avait toutefois adopté un ton cinglant sur les réseaux sociaux depuis quelques années.

En 2011, les deux humoristes avaient soulevé la controverse en dénonçant le verdict du premier procès de l'ex-cardiologue Guy Turcotte, alors reconnu non criminellement responsable. «Quand tu prends des BS comme jury, c'est ça que ça donne», avaient-ils écrit.

Puis, en avril 2012, les Justiciers, qui appuyaient les revendications étudiantes du printemps érable, avaient relayé une image de Jean Charest déguisé en Adolf Hitler. Le montage était coiffé des mots «la chute», une référence au film sur les dernières heures de la vie du Führer. Cette sortie leur avait valu de nombreuses critiques.

Plus récemment, ils ont essuyé les foudres de la Coalition avenir Québec (CAQ) après s'en être pris à leur chef. «Quand tu as des gens comme François Legault qui disent n'importe quoi sur [la péréquation], ils ne font que renforcer le mythe du Québec qu'il n'est pas performant. Vous n'êtes pas contents? Déménagez donc en Ontario», disait Marc-Antoine Audette dans une baladodiffusion, suivi d'un sacre. L'animateur poursuivait sa tirade en qualifiant le chef de la CAQ d'«imbécile».

Les comptes virtuels sur lesquels les Justiciers masqués ont longtemps écrit ont été fermés ou purgés de leur contenu, lundi. Les 21 400 micromessages du compte Twitter du duo ont ainsi disparu. Même chose pour ses baladodiffusions, qui étaient encore consultables en début de journée.

Pas d'entrevue 

Marc-Antoine Audette n'a pas rappelé La Presse pour discuter du contenu de ses messages effacés. Équipe Coderre nous a plutôt envoyé une déclaration pour défendre son candidat.

«Marc-Antoine [Audette] est un humoriste satirique qui a fait de l'humour pendant près de deux décennies. L'humour satirique, par définition, est souvent fait avec l'intention de provoquer, que nous soyons d'accord ou pas avec le propos. Nous avons toujours défendu la liberté d'expression, notamment lors des événements entourant le Charlie Hebdo et nous sommes conséquent avec cette conviction», écrit Marc-André Gosselin, porte-parole d'Équipe Coderre.

Le parti s'est dit convaincu que les électeurs «sauront faire la différence entre sa carrière d'humoriste et son futur rôle de conseiller de ville».

Lors de l'annonce de sa candidature, Marc-Antoine Audette a blagué sur son passage de l'humour à la politique. «J'ai fait de l'humour et de la radio pendant la majeure partie de ma vie, mais là, j'ai décidé d'accepter une vraie job.»

Il a par la suite interpellé Denis Coderre, en lui disant : «C'est très pratique d'avoir quelqu'un à portée de la main sur qui tu peux blâmer n'importe quoi. Je suis ton homme.»

«Là, il n'y a plus de "masqué"»

Au moment de présenter son candidat, Denis Coderre a souligné les fortes opinions de son candidat. «On connaît tous la fougue de Marc-Antoine. C'est quelqu'un d'extrêmement fort en matière de communication. C'est quelqu'un de dédié, qui n'a pas peur de ses opinions», a dit le maire.

Denis Coderre, qui a participé à plusieurs émissions des Justiciers, a pris soin de souligner que le rôle de Marc-Antoine Audette changeait maintenant qu'il se lançait en politique active. «Il s'amusait avec les Justiciers masqués. Là, il n'y a plus de "masqué". Il va jouer le rôle de "justicier" tout court.»

D'ailleurs, sur un ton plus sérieux, Marc-Antoine Audette s'est engagé à défendre l'ouverture de la métropole. «Comme beaucoup de ma génération, je veux un Montréal encore plus accessible à tous, peu importe leur genre, leur orientation, leur ethnicité, leur handicap.»

CAPTURE D’ÉCRAN, THE GAZETTE

En avril 2012, les Justiciers masqués avaient relayé une image de Jean Charest déguisé en Adolf Hitler.