Menaçant l'avenir de la production cinématographique et télévisuelle à Montréal, les géants Netflix et Amazon doivent être taxés, plaide le maire de Montréal. Denis Coderre s'inquiète également de la renégociation de l'ALENA qui pourrait mettre à mal cette industrie.

La métropole a annoncé ce matin la création d'un comité consultatif sur l'avenir des productions cinématographique et télévisuelle. Les retombées économiques des productions à Montréal ont beau avoir doublé depuis cinq ans, des nuages sombres planent à l'horizon.

«Oui, on est contents, ça a doublé, mais on sent qu'on est à un point de non-retour si on ne prend pas le bâton de pèlerin pour se protéger. [...] D'ici les cinq prochaines années, il va y avoir un bouleversement majeur dans l'industrie culturelle», dit Denis Coderre.

Ce bouleversement appréhendé vient du virage pris de plus en plus par les téléspectateurs qui se tournent vers Internet et les Netflix et Amazon de ce monde pour consommer de la télévision. Or ne payant pas de taxes sur la distribution, ceux-ci ne contribuent pas au Fonds des médias qui finance les productions canadiennes.

«Une bonne partie du financement en télévision vient du Fonds des médias. Si les gens se désabonnent parce qu'ils vont sur Internet ou sur Netflix, la source de financement va diminuer de façon assez rapide. On le sent déjà», dit Pierre Roy, qui préside le comité consultatif.

Le maire a ainsi plaidé pour que Netflix et Amazon «soient taxées adéquatement. Il ne faut pas de deux poids deux mesures», dit Denis Coderre.

Les velléités du président américain Donald Trump sur le libre-échange suscitent également des craintes chez le maire Coderre. «Dans la renégociation de l'ALENA, on a des signes qu'on pourrait vouloir parler de l'exemption culturelle», a-t-il soumis. Pourrait-on en venir à remettre en question les Lois sur le contenu canadien ? Un tel scénario frapperait durement Montréal puisque la majorité des tournages proviennent de productions locales.

Le comité mis en place par Montréal est composé de 17 personnes et sera présidé par Pierre Roy, membre fondateur de l'INIS, l'Institut national de l'image et du son. Le groupe qui doit brosser un portrait de l'industrie et identifier les secteurs d'avenir doit remettre un rapport d'étape en décembre prochain et déposer son plan d'action en mars 2018.

Bien que ce comité vient s'ajouter au Bureau du cinéma et de la télévision du Québec, le maire assure que le but n'est pas de le remplacer, mais d'assurer un «nouveau leadership».

Visiblement fier d'avoir regroupé plusieurs acteurs de l'industrie normalement en compétition, il a comparé la situation à l'alliance des cités grecques lorsque les Perses menaçaient, au temps de la Grèce antique.