Montréal et son service de police doivent présenter leurs excuses publiques à la communauté gaie pour les rafles policières dont elle a été la cible durant des décennies, estime Projet Montréal.

«On pense que les choses évoluent dans le bon sens, mais souvent on oublie qu'il y a quelques années encore, il y avait des actes de profilage. C'est un devoir de mémoire», dit le conseiller Richard Ryan. L'opposition croit que la métropole devrait profiter de l'événement Fierté Montréal, qui s'ouvre jeudi, pour présenter ses excuses publiques.

Des établissements gais ont longtemps été la cible de rafles policières. Projet Montréal cite en exemple les rafles violentes ayant eu lieu en 1977 au Truxx, en 1984 au Buds, en 1990 au Sex Garage et en 1994 aux Katacombes. Ces quatre raids ont mené à l'arrestation d'au moins 800 personnes.

Projet Montréal invite aussi la métropole à aménager un endroit pour commémorer cette sombre page de l'histoire de la ville.

Lors du défilé de la Fierté gaie de 2016, le maire Denis Coderre avait évoqué la possibilité de présenter de telles excuses publiques en 2017. « Le 375e anniversaire de Montréal sera l'occasion de réfléchir à notre passé et d'envisager l'opportunité de poser un tel geste », avait-il indiqué au quotidien 24 heures.

Il n'a pas été possible de savoir si le maire comptait bel et bien présenter de telles excuses cette année. On nous a toutefois indiqué que le drapeau arc-en-ciel flotterait toute la semaine devant l'hôtel de ville et que l'édifice serait illuminé en l'honneur de la communauté gaie en soirée.

La question des excuses publiques se pose depuis que le chef du service de police de Toronto, Mark Saunders, a présenté des excuses publiques en juin 2016 pour des raids effectués par son service dans les années 80. Près de 300 personnes avaient été arrêtées en février 1981 lorsque les policiers avaient frappé plusieurs saunas gais. Ces événements avaient déclenché d'importantes manifestations.

« Les événements du 5 février 1981 ont été tragiques par leur aspect destructeur et par le nombre de personnes arrêtées », avait déclaré le chef Saunders.

Ottawa a aussi entrepris des démarches. Le député libéral Randy Boissonnault, conseiller spécial du premier ministre sur les questions de diversité sexuelle, avait indiqué ce printemps que Justin Trudeau comptait présenter des excuses d'ici la fin de l'année. Le premier ministre a de plus annoncé en juin que son gouvernement présenterait d'ici la fin de l'année une loi pour effacer les condamnations dont les membres de la communauté gaie avaient fait l'objet.

Des milliers de Canadiens ont été accusés de grossière indécence en raison de leur homosexualité. Jusqu'en 1969, les relations entre personnes de même sexe étaient illégales.

Le Canada n'est pas le premier pays à agir ainsi. L'Allemagne a adopté en juin une loi pour effacer les condamnations de 50 000 Allemands en raison de leur homosexualité, interdiction qui avait été en vigueur de 1946 à 1994.

Au Royaume-Uni aussi, le gouvernement a annulé en janvier les condamnations imposées à des milliers d'homosexuels.

PHOTO FOURNIE PAR Linda Dawn, archives La Presse

La rafle du Sex Garage, en juillet 1990

PHOTO FOURNIE PAR Linda Dawn, archives La Presse

La rafle du Sex Garage, en juillet 1990