Le maire de Montréal a dû défendre sa décision d'organiser la Formule E sur l'île de Montréal plutôt que sur l'île Notre-Dame, hier, au cours du lancement officiel de l'événement, affirmant que les aménagements du circuit Gilles-Villeneuve auraient coûté de 10 à 15 millions de dollars.

Alors qu'on lui demandait s'il avait personnellement décidé d'organiser la course à Montréal, Denis Coderre a réaffirmé que la tenue de la Formule E sur le circuit Gilles-Villeneuve aurait entraîné des ajustements importants. « Alain Prost a dit qu'on aurait pu considérer le circuit Gilles-Villeneuve. La réalité, c'est qu'il faudrait changer sa configuration, ce qui aurait coûté de 10 à 15 millions de dollars », a-t-il dit, prenant le contrepied de la légende de la F1 qui a affirmé que la course aurait pu se tenir sur l'île Notre-Dame.

« On a travaillé avec la Fédération internationale de l'automobile. On ne veut pas une course près de Montréal. On veut une course dans Montréal », a-t-il dit, tout en refusant de confirmer s'il avait personnellement décidé d'organiser la Formule E sur l'île de Montréal. Notons que dans une entrevue donnée à Autosport en 2015, le PDG de la Formule E, Alejandro Agag, avait affirmé qu'il avait ouvert la porte à la tenue de la course sur le circuit Gilles-Villeneuve, mais que le maire de Montréal voulait plutôt qu'elle ait lieu à l'intérieur de la ville.

La Presse a signalé ces derniers jours la présence de près de 5,5 km de murets neufs au circuit Gilles-Villeneuve, murets achetés plus tôt cette année par la Société du parc Jean-Drapeau, société paramunicipale, et qui appartiennent aux organisateurs du Grand Prix de Formule 1. Ces murets auraient pu être loués pour économiser sur les coûts d'organisation de l'ePrix. Denis Coderre affirmait mardi qu'ils étaient en trop mauvais état pour être déplacés. Hier, il a renchéri, martelant que les nouveaux murets représentaient un investissement sur plusieurs années.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

La Ville de Montréal a indiqué qu'elle ne voulait pas une course « près de Montréal », mais « dans Montréal ».

« On a fait notre travail et le travail a été bien fait. »

Les organisateurs du Grand Prix de Montréal n'ont pas voulu commenter publiquement les déclarations de Denis Coderre sur l'état de leurs murets. Mais selon nos informations, les organisateurs considèrent que leurs murets sont en excellent état, d'autant que beaucoup sont flambant neufs, contredisant ainsi le maire.

La directrice des communications du cabinet du maire, Catherine Maurice, a confirmé par courriel à La Presse que les murets de béton fabriqués pour la Formule E étaient homologués par la Fédération internationale de l'automobile et pouvaient être utilisés pour la Formule 1.

MONTRÉAL PARMI LES GRANDES VILLES

« La Formule E fait partie de cette vision à long terme où les villes ont un rôle important à jouer dans le développement durable. On peut avoir du plaisir tout en étant responsable », a affirmé le maire de Montréal pour défendre une fois de plus la décision de son administration d'organiser la Formule E. « Il faut montrer de l'audace », a-t-il ajouté tout en martelant le message selon lequel la Formule E est la preuve ultime que Montréal fait partie des grandes villes du monde.

En présence d'Alberto Longo, directeur général de la Formule E, du conseiller municipal Richard Bergeron et de quelques commerçants de la Société de développement commercial (SDC) du Village, M. Coderre a annoncé la venue d'une « fin de semaine fantastique qui va attirer près de 20 millions de spectateurs dans le monde ».

« Les deux courses seront bonifiées d'une série d'activités qui plairont tant aux amateurs de techno et de course comme des jeux de course. Venez, vous serez agréablement surpris », a lancé le maire. Il a aussi profité de l'occasion pour annoncer que durant la fin de semaine, les Montréalais auraient accès au métro et aux services de bus de la STM gratuitement. Le service de vélo BIXI sera aussi gratuit.

« Aujourd'hui, il faut lancer un message de fierté pour dire à quel point Montréal est une grande ville », a déclaré Denis Coderre. Face aux salves de critiques reçues depuis plusieurs semaines, M. Coderre a préféré remercier « ceux et celles qui ont compris que la Formule E est un événement d'envergure qui prend des sacrifices ».

APPUI DE COMMERÇANTS

Parmi les commerçants qui ont accompagné le maire, Denis Brossard, gérant du Cabaret Mado de la rue Sainte-Catherine, a affirmé que la réaction des membres de la SDC du Village était positive. M. Brossard ne peut encore pas évaluer les impacts de la Formule E sur son commerce, mais il reste optimiste. « On avance, car on soupçonne qu'il va y avoir du succès. Donnons la chance à l'événement et attendons de voir les impacts », a-t-il dit.

Les commerces qui font partie de la SDC du Village ne sont pas enclavés et ne sont pas touchés par les restrictions de stationnement et de circulation liées à la tenue de la Formule E, car en cette saison, ce tronçon de la rue Sainte-Catherine est déjà une rue piétonne.