Craignant d'importantes pertes de revenus, des commerçants de la rue Ontario dénoncent la décision de la Ville de Montréal de fermer leurs terrasses le temps de la Formule E.

Le propriétaire de la microbrasserie Station Ho.st Frédéric Cormier a sévèrement critiqué la décision de la Ville d'interdire l'accès aux stationnements rue Ontario et de démanteler leurs terrasses du 27 juillet au 3 août prochains, hier, lors d'une conférence de presse qui a eu lieu sur sa terrasse.

« En été, 80 % des revenus de mon commerce proviennent des terrasses », souligne M. Cormier, qui dénonce la stratégie de communication et de planification de la Ville. Les avis de désinstallation n'ont été envoyés que le 5 juillet, moins d'un mois avant la tenue de l'événement. Ainsi, le commerçant avait déjà planifié l'organisation du quatrième anniversaire de son restaurant qui aura lieu le 5 août.

Or, il doit revoir ses plans, car il n'a l'autorisation de réinstaller sa terrasse qu'à partir du 4 août, alors que cette opération lui prendra au moins deux jours.

M. Cormier estime que les revenus qu'il perdra se situeront à environ 20 et 30 000 $ durant cette période. « Le 5 août est l'une de nos deux plus belles journées en termes de ventes durant l'année. On n'aura pas le temps de tout réinstaller », déplore-t-il.

Même son de cloche du côté du président du Grill Barroso, restaurant établi depuis 2003 sur la rue Ontario. Victor Magalhaes déplore des pertes de 50 % de ses ventes quotidiennes. Pour lui, le problème réside surtout au niveau de l'accessibilité à son commerce. « On enlève les stationnements. Alors, les clients, surtout ceux de la Rive-Sud, ne viendront pas. »

Alors que la Ville fixe le montant maximal de remboursement des frais de démantèlement des terrasses à 2000 $, le commerçant indique que ces coûts s'établiront à plus de 3000 $. En plus de perdre des revenus, il devra assumer des frais qui ne seront pas totalement remboursés. Par ailleurs, ces activités seront réalisées durant la semaine des vacances de la construction, déplore-t-il, ce qui complique l'embauche d'ouvriers pour réaliser ces travaux.

SÉCURITÉ ET TRANSPARENCE

Des résidants du quartier s'inquiètent pour leur sécurité durant l'événement. Ainsi, Heidi Miller dit craindre que les déplacements d'urgence ne soient compliqués par les installations de la Formule E.

Si, comme plusieurs commerçants, elle partage les valeurs écologiques prônées par l'événement, Mme Miller déplore le manque de transparence de la part de la Ville et l'absence d'implication des communautés touchées.

Pour sa part, le responsable marketing de la poissonnerie La Mer, Alexandre Takos, déplore n'avoir reçu aucun avis l'informant que l'une des entrées du commerce de la rue René-Levesque allait être utilisée pour installer des gradins. Il l'a appris en consultant les plans de l'événement.

Le conseiller municipal du district d'Hochelaga du parti Projet Montréal Éric Alan Caldwell affirme pour sa part que « l'organisation de la Formule E a été une suite d'improvisations qui au lieu d'apporter des retombées économiques apportent plutôt des conséquences désastreuses ».

Contactée par La Presse, la Ville de Montréal assure que « la décision par rapport à la rue Ontario Est découle de l'abondance d'événements et d'activités sur le territoire du centre-ville la dernière fin de semaine de juillet et des enjeux de mobilité qui en résultent ». Elle soutient avoir loué des espaces de stationnement pour les résidants, emménagé cinq passerelles qui enjambent le circuit, dont deux accessibles en tout temps, et distribué deux billets gratuits aux résidants et commerçants enclavés.

La Ville prévoit que le championnat de Formule E va attirer près de 19,2 millions de spectateurs dans le monde.

PHOTO SIMON GIROUX, LA PRESSE

Alexandre Takos, responsable marketing de la poissonnerie La Mer, déplore n'avoir reçu aucun avis l'informant que l'une des entrées du commerce de la rue René-Levesque allait être utilisée pour installer des gradins lors du Grand Prix de Formule E.

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Frédéric Cormier, propriétaire de la microbrasserie Station Ho.st, a critiqué hier, lors d'une conférence de presse, la décision de la Ville de le forcer à démanteler sa terrasse du 27 juillet au 3 août en prévision du Grand Prix de Formule E.