Les grandes femmes qui ont marqué l'histoire de Montréal seront formellement honorées dans la toponymie de la métropole. La nouvelle place publique qui sera aménagée au-dessus de l'autoroute Ville-Marie l'an prochain près de la station de métro Champ-de-Mars sera nommée «place des Montréalaises», a annoncé mercredi matin le maire Denis Coderre. L'aménagement final de cette place «symbolique» sera toutefois terminé en 2022 au terme d'un concours d'architecture international.

Le maire Coderre s'est réjoui de ce «symbole fort» visant à honorer «les femmes d'action, d'idées, de conviction et de coeur» de Montréal. Cette place toute féminine soulignera en particulier ces grandes Montréalaises: la cofondatrice Jeanne Mance, le symbole de l'esclavage Marie-Josèphe Angélique, l'autochtone d'origine mohawk Myra Cree, l'hockeyeuse Agnès Vautier, l'enseignante noire Jessie Maxwell Smith, la femme d'affaires Ida Roth Steinberg, la féministe Idola St-Jean et les victimes de la tuerie de la Polytechnique.

«Si Jeanne-Mance a enfin la reconnaissance qui lui revient comme cofondatrice de la métropole, les grandes dames qui ont marqué l'histoire de Montréal sont elles aussi nombreuses et leur contribution mérite qu'on en parle et qu'on s'en souvienne», a déclaré en point de presse Manon Gauthier, responsable du statut de la femme au comité exécutif de la Ville de Montréal.

La présidente du Conseil des Montréalaises Cathy Wong s'est également réjouie que la Ville ait répondu au souhait des membres de son organisme de léguer une place honorant les Montréalaises, un «geste important». 

Le ministère des Transports devrait terminer d'ici la fin de l'année le recouvrement de ce tronçon de 125 mètres de l'autoroute Ville-Marie près du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), un projet d'environ 70 millions de dollars. Notons toutefois qu'une bretelle adjacente de l'autoroute ne sera pas recouverte. Ensuite, en 2018, une première mouture de la Place des Montréalaises sera aménagée.

Pour concevoir et réaliser l'aménagement permanent de la place, un projet de 74,4 millions, la Ville lancera un concours international d'architecture de paysage. Le gagnant sera choisi au printemps 2018 en vue de commencer les travaux en 2020. L'inauguration de ce legs du 375e sera ainsi repoussée à 2022, dans cinq ans.

«Nous vous avons décidé de prendre le temps qu'il faut», a expliqué  Richard Bergeron, responsable de la stratégie pour le centre-ville au comité exécutif de la Ville de Montréal. L'élu s'attend à obtenir des «propositions créatives» et des «pistes les plus osées» pour l'aménagement de la place, et en particulier pour le recouvrement de la bretelle d'autoroute Saint-Antoine. Pas de question de se limiter à un «pont de piétons», dit-il.

«Ça va être assez majeur, ça va être le trait d'union avec le centre-ville et le Vieux-Montréal. Ça va devenir un pôle d'attraction important et un vecteur touristique et de développement. Il va y avoir beaucoup beaucoup de personnes qui vont passer ici», a ajouté Denis Coderre.

Le maire conserve un «intérêt majeur» pour le recouvrement complet de l'autoroute Ville-Marie entre le boulevard Saint-Laurent et la place des Montréalaises, «cette brisure, cette cicatrice». «Pour le Palais des congrès, si on veut rester compétitif, il faut un agrandissement. À ce moment-là, ça pourrait nous permettre de continuer le recouvrement. La stratégie, quand on a voulu faire ce recouvrement, c'est que le fait de commencer: on pouvait y croire, parce que avant c'était des voeux pieux», a dit le maire.

La chef de Projet Montréal Valérie Plante a accueilli favorablement ce «beau geste» du maire envers les Montréalaises. «C'est une bonne nouvelle. On ne peut que se réjouir que la Ville de Montréal mette de l'avant la contribution des femmes au développement de Montréal. Cela étant dit, on souhaiterait que M. Coderre ait des gestes plus concrets pour soutenir la parité à même ses équipes.»