Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a confirmé jeudi à Montréal l'engagement de son gouvernement à investir près de 1,3 milliard dans la réalisation du projet de Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le président de la Caisse, Michael Sabia, a salué l'engagement fédéral en affirmant que «toutes les conditions sont maintenant réunies pour faire avancer le projet. Dès cet automne, nous comptons commencer la construction du REM qui, après un peu plus d'un an de conception, est maintenant bien réel».

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a aussi salué la décision fédérale qui marque «une étape cruciale vers la réalisation du projet» de train électrique, dont les coûts sont estimés à 6 milliards et qui doit être mis en service à compter de la fin de 2020.

«On envoie un message à la population, a-t-il affirmé. C'est encore possible, très possible de réaliser de grands projets au Québec. L'époque où les projets s'enlisaient de façon indéfinie est terminée. Lorsqu'on identifie un projet comme prioritaire, un projet qui est bon et qui est novateur, on l'exécute.»

Avec l'annonce du gouvernement du Canada, le montage financier pour la réalisation du REM est maintenant achevé. Le gouvernement du Québec a déjà annoncé lui aussi une contribution de 1,28 milliard - la même somme que le fédéral - qui lui confère 24,5% du capital-actions du projet de la Caisse de dépôt. Les gouvernements du Canada et du Québec se partageront ainsi 49% du capital, mais c'est la Caisse, qui y investira 3 milliards, qui en demeurera l'actionnaire principal.

Dans le dernier budget provincial, le gouvernement Couillard a de plus assuré des investissements de 512 millions pour des infrastructures et le déplacement de lignes à haute tension et de canalisations d'eau potable, entre autres. Il a aussi annoncé une contribution de 295 millions d'Hydro-Québec pour l'infrastructure électrique du REM.

À long terme, la Caisse de dépôt compte sur un rendement de 8% de son investissement, dont le produit retournera dans le bas de laine des Québécois. Quatorze mois après la présentation initiale du projet, ce rendement demeure toujours la source d'une vive controverse : aucun projet québécois de transports en commun, si important soit-il, n'a jamais généré de profits.

167 000 usagers par jour

Le REM est un réseau de train électrique entièrement automatisé, donc sans chauffeur, qui comptera 27 gares et qui s'étendra sur 67 kilomètres. Il reliera la Rive-Sud, la banlieue nord, l'ouest de l'île de Montréal et l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau au centre-ville de la métropole. Le coût du projet est estimé à un peu plus de 6 milliards, et la filiale de la Caisse qui en assure la réalisation, CDPQ Infra, assure qu'il sera progressivement mis en fonction à compter de la fin de 2020.

«Après une première phase d'adoption progressive», dit CDPQ Infra, le futur réseau devrait transporter environ 167 000 passagers par jour, soit à peu près deux fois le nombre d'usagers actuel du réseau de trains de banlieue de la métropole.

Même s'il a été présenté dès avril 2016 comme «le plus grand projet de transports en commun au Québec depuis l'inauguration du métro, il y a 50 ans», le REM n'a pas échappé à la controverse. Le projet, de même que son promoteur, ont été durement critiqués par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), au début de 2017, en raison du manque d'informations sur son modèle financier et ses impacts environnementaux. L'impact relativement faible du projet sur la congestion routière de la grande région métropolitaine a aussi été dénoncé.

La Caisse a aussi dû faire face à une campagne virulente de la part de syndicats et d'écologistes, réunis dans la coalition Trainsparence, partisans d'un projet concurrent de tramway qui n'a jamais été sérieusement considéré par Québec ni par la Ville de Montréal.

Pas de contenu minimal canadien

Le président de la Caisse de dépôt et le premier ministre Couillard ont dû justifier la décision de CDPQ Infra de ne pas inclure dans des appels d'offres internationaux, actuellement en cours, une exigence de contenu minimal canadien. Pour les nouvelles voitures du métro, par exemple, on avait imposé une exigence de 60% de contenu canadien, alors que les voitures du REM pourront être entièrement fabriquées à l'étranger.

Le président de la Caisse, Michael Sabia, a défendu ce choix en assurant qu'il vise «à livrer ce projet très important au meilleur prix possible et avec le meilleur niveau de service pour les Montréalais et Montréalaises».

Philippe Couillard a tenu à souligner pour sa part que la construction du REM entraînera la création de 34 000 emplois directs et indirects, et que 14 des 18 firmes encore en lice pour les contrats du REM sont des entreprises québécoises ou des filiales canadiennes de sociétés étrangères.

L'investissement fédéral de 1,28 milliard sera versé sous forme de «subvention», dont les fonds seront tirés de l'allocation réservée au Québec dans le programme fédéral de 21 milliards, sur 11 ans, pour les transports collectifs et l'infrastructure verte.

Le premier ministre Trudeau a tenu à souligner que Québec pourra soumettre le projet du REM à l'attention de la future Banque de l'infrastructure du Canada, promise par le gouvernement fédéral, lorsque celle-ci sera définitivement établie.

«Dans le cas où la Banque déciderait de façon indépendante de financer le projet du REM, le montant annoncé aujourd'hui retournerait dans les fonds d'infrastructures affectés au Québec», a ajouté M. Trudeau, en assurant que cette somme pourrait alors être utilisée pour financer des projets d'infrastructures publiques dans la Belle Province.