Le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal a été mis sous tutelle, mardi matin, par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) auquel il est affilié. Plusieurs dysfonctionnements du syndicat montréalais justifient cette mesure exceptionnelle. La coupe a débordé quand des représentants des cols bleus ont bousculé le vice-président du SCFP, Marc Ranger, dans un congrès à Québec, le 16 mai dernier.

Une semaine auparavant, le SCFP avait dépêché un « envoyé spécial » chez les cols bleus (section locale 301) afin d'éclaircir la légitimité des décisions du syndicat. De plus, un vérificateur avait été mandaté pour analyser les finances du syndicat des dernières années, a précisé la présidente des cols bleus Chantal Racette, dans un communiqué publié sur Facebook.

Mme Racette a déploré la décision de l'instance nationale. « Nous sommes des gens honnêtes qui avons à coeur l'intérêt de nos membres », affirme-t-elle.

Chose certaine, le SCFP nommera un administrateur national. Pour l'heure, le SCFP veut avoir accès aux locaux de la permanence afin d'assurer le bon fonctionnement du syndicat « pour une période indéterminée », note le SCFP dans un communiqué.

La décision vient « d'une série d'événements ». Deux motifs justifient une tutelle : la fraude ou un dysfonctionnement, tel que lorsque l'intérêt des membres est desservi, explique-t-on à l'interne. Le directeur québécois du SCFP, Marc Ranger, a été « tassé dans un coin et bousculé, un signe que ces dirigeants syndicaux s'estiment à l'abri de tout », confie une source syndicale. 

« Nous nions catégoriquement les prétentions lancées sur la place publique et nous en ferons la preuve devant toute instance ou tribunal approprié. » - Chantal Racette, présidente du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, qui a l'intention d'en appeler au conseil exécutif national et s'il le faut, au congrès du SCFP

« Peu importe la suite des événements, nous espérons et nous attendons à ce que le tuteur nommé agisse dans le respect des élus choisis démocratiquement », prévient la présidente.

Sur ce point, le communiqué du SCFP ne laisse place à aucune interprétation : « Une fois que les problèmes internes auront été réglés, de nouvelles élections auront lieu et la direction locale des affaires du syndicat sera rétablie avec un nouveau conseil exécutif élu. »

Le mandataire du SCFP « exercera son autorité pour résoudre de graves difficultés de fonctionnement au sein de la section locale. Il a toute autorité pour diriger les affaires du syndicat et assurer la continuité des services aux membres de la section locale 301 et leur représentation syndicale », peut-on lire dans le communiqué.

Selon les statuts du SCFP, le président national peut placer une section locale temporairement sous tutelle en cas d'urgence pour protéger les intérêts de ses membres. Le SCFP travaillera de concert avec les membres de la section locale 301 pour assurer une représentation efficace de l'ensemble des membres.

FINANCES GELÉES

Avec la tutelle, les finances du syndicat sont gelées pour éviter des sorties illégales d'argent. Le responsable de la tutelle aura aussi le mandat de procéder à une vérification comptable pour assurer la reddition de comptes de l'organisation.

Au cours des derniers mois, Mme Racette a fait face à des allégations d'irrégularités ainsi que de dépenses excessives. L'ancien président Jean Lapierre agit comme son mentor depuis son élection en avril 2015.

La mise sous tutelle survient alors qu'un groupe de cols bleus de Montréal-Nord veut se désaffilier afin de créer une nouvelle unité syndicale.

La section locale 301 du SCFP compte près de 7500 membres : les employés de la Ville de Montréal, mais aussi de toutes les villes reconstituées de l'île de Montréal, soit un total de 23 groupes différents.